Congo-Brazzaville: 65 ans et une présidentielle en vue

Ce 15 août 2025, le Congo célèbre son indépendance acquise en 1960. À travers cette mobilisation voulue grandiose, la nation loue un jour de liberté tout en se projetant vers l’échéance politique majeure à venir, l’élection présidentielle attendue au mois de mars 2026.

Pourquoi établir un lien entre les deux rendez-vous ? Parce qu’ils représentent un cycle historique symbolique dans lequel l’accomplissement du premier événement avec gaieté convoque la responsabilité des acteurs engagés dans la course au suffrage universel, de telle sorte que le second, objet de passions diverses, soit la bonne porte par laquelle, au moment de la franchir, la République s’honore de poursuivre son chemin dans la paix et la tranquillité.

Le 15 août 1960, il y a soixante-cinq ans jour pour jour, les Congolais assumèrent la rupture d’avec le régime colonial. La promesse de bâtir la nation et d’oeuvrer au bien-être collectif se structura par le renforcement des institutions républicaines, tandis que l’unité, le travail et le progrès érigés en valeurs intemporelles surmontèrent le parvis de la Maison Congo. Tous, nous sommes fiers de ce couronnement.

Au plan extérieur, la jeune République du Congo a très tôt (septembre 1960) adhéré à l’Organisation des Nations unies et rallié les autres nations soeurs du continent devenant, en 1963, l’un des pays fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine créée le 25 mai. C’était le choix des idéaux d’émancipation ayant longtemps sous-tendu la résistance des peuples africains contre les injustices de toutes sortes dont témoigne depuis lors ce parcours élogieux de l’Afrique vers sa quête de souveraineté.

En 65 ans, le Congo a traversé des crises multiples. Si celles liées aux revers économiques et leurs conséquences sociales reflètent en partie la complexité des interactions entre les États et les dysfonctionnements imputables aux politiques publiques locales, les crises politiques, en revanche, parce qu’elles impliquent la compétition pour le contrôle du pouvoir d’Etat et ses biens symboliques, demeurent les plus redoutées. Les pronunciamientos ainsi que les joutes électorales ont tendance à les cristalliser.

Certes, mourir de faim faute de nourriture est indigne, surtout quand cet état de fait est associé au faible engagement des gouvernants à mettre en oeuvre d’ambitieux programmes de développement. Mais mourir dans son propre pays, dans son propre village, en victime ciblée, en victime collatérale d’une guerre civile provoquée par les dissensions politiques est dramatique, c’est malheureusement le lot des troubles servis à la population durant les conflits armés fratricides que le Congo a connus avant et après son indépendance.

En jetant un oeil alentour, l’on s’aperçoit que d’autres pays sont logés à la même enseigne, certains ne parvenant pas, depuis de longues années, à sortir de l’ornière des violences. Il n’est point besoin de revêtir le boubou de l’expert pour réaliser qu’un tel scénario du chaos rend impossible toute perspective de développement. La paix est indispensable en toute chose, pour autant elle ne signifie pas absence de débat ou de contradiction sur les questions d’intérêt général.

Bien au contraire. Le fait que les citoyens interrogent sur les conditions de leur existence, tout autant que l’efficacité de leur action participe de la légitimation des décideurs. On jette la pierre sur l’arbre qui porte les fruits dans le but d’en disposer ; on s’adresse aux gouvernants en se disant qu’ils ont le devoir de trouver les solutions attendues. Il est donc tout à fait normal que la société prenne la parole et s’anime, que celles et ceux dont la responsabilité est de résoudre les problèmes de la population s’exposent à la rigueur du questionnement de leurs compatriotes, des administrés.

Dans quelques mois, en prenant le relais du temps qui passe, l’année 2026 nous soumettra à cette épreuve du débat où, présentés par leurs porteurs, les projets de société seront discutés en public. Entrants et sortants, les acteurs en vue devront ouvrir leurs coeurs pour accompagner ce branle-bas démocratique que l’on voudra véridique, sain et constructif. C’est à cette condition seulement que le peuple-électeur, appelé à trancher, fréquentera les urnes sans développer l’angoisse d’en être au final le grand perdant, quand les entrepreneurs politiques auront choisi une autre voie que celle du triomphe de la concorde nationale.

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