Comores: Le port obligatoire de la carte d'identité soulève de nombreuses questions

Les autorités comoriennes ont annoncé rendre obligatoire le port de la carte d’identité et multiplié les contrôles. À Moroni, plusieurs dizaines de personnes ont déjà été interpellées – toutes étrangères – et en situation irrégulière. Le gouvernement promeut une mesure de sécurité qui soulève cependant des questions pratiques pour les habitants.
Depuis mardi, 117 personnes ont été contrôlées à Moroni, dont 47 étrangers. Cinq Malgaches en situation irrégulière ont déjà été expulsés, d’autres attendent une régularisation. Depuis le 12 août, aux Comores, chaque habitant de l’archipel est sommé d’avoir une carte d’identité sur lui. Une annonce présentée comme un nouveau pilier de la sécurité publique, accompagnée d’une opération nationale de contrôles menée par la police et la gendarmerie.
Pour le moment, les nationalités les plus concernées par les arrestations sont les Malgaches, les Tanzaniens, les Burundais et les Congolais de la RDC. « Il y a la particularité du fait qu’il y a une montée de la délinquance, justifie Mohamed Ahmed Assoumani, ministre de l’Intérieur. Il est nécessaire à ce que nous puissions mener ce travail de contrôle en vue de mieux gérer le flux migratoire qui frappe notre pays. Les Comores, ce sont des îles qui se trouvent dans une situation stratégique et qui deviennent malheureusement une plaque tournante des différents trafics. »
Pour les habitants de Mohéli et Anjouan, c’est une autre histoire
Parmi les Comoriens contrôlées, 70 ne possédaient pas de carte d’identité. Mais la situation est complexe pour les habitants de Mohéli et Anjouan, les deux autres îles qui composent l’archipel des Comores. Car la fabrication des cartes reste centralisée à Moroni. Touma, qui travaille dans la capitale, appelle à plus de responsabilité : « C’est une bonne chose (les contrôles) compte tenu des problèmes sécuritaires graves que nous connaissons, admet la femme. Mais avant de lancer cette mesure, il aurait fallu penser à ceux qui vivent loin de Moroni, comme à Mohéli et Anjouan. Il faut leur faciliter l’accès à la carte d’identité pour qu’ils puissent se mettre en règle rapidement ».
De leur côté, les autorités espèrent que cette mesure fera reculer la délinquance nocturne et améliorer l’ordre public. Mais reconnaissent qu’il faudra installer des équipements dans chaque île pour simplifier l’accès aux documents officiels.