Comment le crime organisé se développe sur le continent africain, selon l'ONG GI-TOC

Dans son rapport annuel sur l’Afrique, l’Initiative mondiale contre le crime transnational organisé (GI-TOC) dresse le bilan de l’évolution des différentes formes de crime organisé sur le continent ces dernières années et des grandes tendances qui se dessinent.
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Le crime organisé prospère en Afrique mais sous des formes bien différentes selon les régions, selon « l’Indice du crime organisé en Afrique 2025 » de l’Initiative mondiale contre le crime transnational organisé (GI-TOC), dévoilé le 17 novembre.
L’Afrique de l’Ouest, à mi-chemin entre l’Europe et l’Amérique du Sud, renforce sa position de plaque tournante dans le trafic de cocaïne, dont la consommation et la production explosent à travers le monde. Il s’agit du secteur qui connaît la plus forte croissance, selon le rapport du GI-TOC.
L’Afrique n’est d’ailleurs plus uniquement un lieu de passage, mais désormais aussi de consommation pour des drogues telles que le Tramadol détourné de son usage médicinal. Dans la zone, le port de Conakry est identifié comme principal point d’entrée des médicaments contrefaits, importés d’Asie et qui inondent les marchés des grandes villes.
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Trafics d’armes à l’est, d’espèces protégées au sud…
Dans l’est du continent, dominent les trafics d’armes d’abord, à destination du Soudan et de la RDC, mais aussi d’êtres humains, le long des routes migratoires. Le Maghreb continue de dominer très largement la production mondiale de cannabis, tandis que la contrebande d’espèces naturelles protégées touche particulièrement l’Afrique australe.
Parmi les nouvelles tendances qui se dessinent, plus nombreux sont les malfaiteurs directement liés aux États : policiers, militaires ou fonctionnaires corrompus jusqu’au sommet de la hiérarchie… « Les acteurs criminels infiltrent la machine étatique à tous les niveaux », indique Jacques Muhindo, coordinateur du fonds de résilience Afrique de GI-TOC.
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La montée de l’autoritarisme est une autre mauvaise nouvelle. À en croire le rapport, les régimes démocratiques afficheraient les meilleurs succès dans la lutte contre le crime organisé. « Parce qu’ils favorisent l’implication de la société civile et l’indépendance du système judiciaire », explique Jacques Muhindo. Les États autoritaires ont plus souvent tendance à s’impliquer dans les réseaux délinquants ou à les réprimer de façon disproportionnée, occasionnant des violations des droits humains.
Le recul du multilatéralisme, facteur aggravant
Avec le recul du multilatéralisme, la diminution des actions de coopération internationale en matière de lutte contre le grand banditisme ouvre de nouvelles opportunités pour les criminels transfrontaliers.
Le meilleur moyen d’inverser la tendance, selon les auteurs du rapport, serait de renforcer la prévention, la bonne gouvernance et les systèmes judiciaires.



