CAN: quand David croque Goliath ou dix exploits de petits-poucets à la Coupe d’Afrique des nations

À la Coupe d’Afrique des nations, il arrive que les géants tombent, foudroyés par l’audace des outsiders et des « petits ». La Zambie, la Mauritanie, les Comores et même le Cameroun ont été dans la peau des sans-grades capables de renverser des montagnes pendant une CAN. Retour sur dix moments où le football africain a vu David terrasser Goliath.
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Incroyable Zambie ! (2012)
Le 12 février 2012, à Libreville, le continent écarquille les yeux. L’impensable a eu lieu : face à la Côte d’Ivoire, armada d’étoiles, la Zambie danse sur le corps des Éléphants et remporte le premier trophée de leur histoire. Les Ivoiriens, emmenés par Didier Drogba, se cassent les dents sur une courageuse équipe de Chipolopolos portée par le souvenir d’un destin tragique : en 1993, l’équipe nationale disparaissait dans un crash aérien au large de Libreville. Dix-neuf ans plus tard, les Zambiens domptent leurs démons et résistent jusqu’aux tirs au but après avoir survécu à un penalty (raté) de Drogba. Au bout de la séance de tirs au but, Stopila Sunzu délivre tout un peuple et la Zambie signe certainement le plus grand exploit de l’histoire du foot africain avec le Français Hervé Renard comme sélectionneur.
L’Ouganda inflige au Maroc la « honte de Kumasi » (1978)
C’est un terme sorti par des journalistes marocains et qui est resté pour toujours. Il désigne l’une des pires humiliations subies par les Lions de l’Atlas à la CAN. Le responsable ? Une épatante équipe ougandaise révélation de la CAN 1978 au Ghana. À Kumasi donc, le 11 mars, le Maroc, champion d’Afrique en titre, favori du groupe et de la compétition, affronte l’Ouganda lors du dernier match de poule. C’est un petit tremblement de terre; en une mi-temps, Kisitu, Nsereko et Omondi font plier l’équipe d’Ahmed Faras. 3-0 et le Maroc rentre chez lui. Les Cranes, eux, continuent leur parcours et sortent le Nigeria en demi-finale avant de céder en finale devant le pays organisateur, le Ghana (2-0).
Les Comores éteignent les Black stars (2022)
Personne n’y croyait, sauf eux. Pour leur première CAN, les Comores affrontent le Ghana, quadruple champion d’Afrique, lors de la dernière journée de la phase de poules. L’enjeu : une victoire qui pourrait déboucher sur une qualification historique en huitièmes de finale. Sur la pelouse de Garoua, le 18 janvier 2022, le miracle prend forme. Ben Fardou ouvre le score, Ahmed Mogni s’offre un doublé, et les Comoriens, en supériorité numérique, résistent à la furia ghanéenne et s’imposent 3-2. « On pense à nos familles, à notre peuple qui aujourd’hui rayonne dans le football africain », confiera ému Kassim Abdallah.
La Libye, une finaliste inattendue (1982)
La Libye n’a connu que trois participations à la Coupe d’Afrique dans son histoire et il faudra du temps avant qu’une sélection des Chevaliers de la Méditerranée se hisse au niveau de l’exploit de celle de 1982. En mars de cette année-là, sous l’œil du colonel Kadhafi, la Libye organise sa première CAN avec un passé footballistique proche du néant en Afrique. Sur les pelouses synthétiques de Tripoli et Benghazi, les Chevaliers de la Méditerranée déjouent tous les pronostics. Ils accrochent le Ghana (2-2) et le Cameroun (0-0), dominent la Tunisie (2-0), puis la Zambie en demi-finale (2-1), et s’offrent une finale de rêve face au Ghana déjà sacré deux fois. Ils ne tomberont qu’aux tirs au but face aux Black Stars (1-1 ap; tab: 7-6). Suffisant pour que Fawzi El-Issaoui, le capitaine, et ses coéquipiers entrent définitivement dans la légende du foot libyen et africain.
La Guinée équatoriale humilie la Côte d’Ivoire chez elle (2024)
À la fin, il est vrai, l’histoire finit bien avec la CAN 2024 remportée chez elle, mais la Côte d’Ivoire a vécu un cauchemar ce 22 janvier 2024 qu’elle n’a certainement pas oublié. Pays hôte de la Coupe d’Afrique cette année-là, la Côte d’Ivoire se fait écraser devant son public par une Guinée équatoriale sans pitié: 4-0 devant un stade Alassane Ouattara, médusé. Les joueurs sont en pleurs, les supporters énervés, le sélectionneur démissionnera le lendemain. Les Équato-Guinéens s’offrent l’un de leur plus beaux récitals à la CAN, mais ils verront les Éléphants soulever le trophée trois semaines plus tard.
Le Congo-Brazzaville terrasse le Cameroun à Yaoundé (1972)
En 1972, la Cameroun organise la huitième édition de la Coupe d’Afrique des nations à Yaoundé et à Douala. Les Lions indomptables rêvent d’un sacre à domicile, mais c’est le Congo-Brazzaville qui va mettre tout le monde d’accord et s’adjuger son premier et seul trophée de la CAN. Après avoir terminé derrière son voisin, le Zaïre, en match de poule, et s’être qualifiés après un tirage au sort miraculeux, le Congo crée la sensation en éliminant le pays organisateur, le Cameroun en demi-finale (1-0). Noël Minga, décédé le 25 avril dernier, sera le héros de la rencontre. En finale, grâce notamment à un doublé de Jean-Michel Mbono, les hommes d’Adolphe Bibanzoulou viennent à bout du Mali (3-2) pour décrocher l’unique étoile sur le maillot des Diables Rouges.
Cameroun, le sacre des vrais Indomptables à Libreville (2017)
C’est une CAN où le Cameroun est arrivé en petit poucet, au passé d’ogre, avant de retrouver son statut dans une compétition où personne, (pas même eux) ne les voyait brandir la Coupe. Et pourtant ! Privés de la plupart de leurs meilleurs joueurs (Matip, Onana, Choupo-Moting), le Cameroun et son sélectionneur Hugo Broos débarquent à Libreville avec une équipe rajeunie, construite dans l’urgence. La victoire en quart de finale contre le Sénégal aux tirs au but les dote d’un surcroît de confiance, et ils enchaînent en sortant le Ghana en demi-finale (2-0). Arrive l’Égypte, qui se fait renverser en finale (2-1) dans un scénario qui va octroyer à cette équipe camerounaise une place spéciale parmi les quatre autres déjà sacrées en Coupe d’Afrique.
Le Malawi donne la leçon à l’Algérie (2010)
« One, two, three ! » l’Algérie est à terre. A Luanda, ce 11 janvier 2010. L’Algérie, fraîchement qualifiée pour la Coupe du monde, aborde la CAN avec plein d’ambitions. Mais face au Malawi, désigné « petit poucet » du tournoi, tout s’effondre lors de la première rencontre du groupe (3-0). Les Flames, emmenés par Russel Mwafulwira, profitent des largesses défensives des Fennecs : trois buts, une démonstration de simplicité et de réalisme. Les Algériens finiront tout de même la CAN en demi-finale après avoir sorti la Côte d’Ivoire. Les Malawites seront éliminés dès le premier tour, mais leur exploit restera gravé dans l’histoire de leur pays.
Les Super Eagles déplumés par les Barea (2019)
Pour leur première CAN, les Barea de Madagascar sont euphoriques. Après une qualification historique, un nul d’entrée face à la Guinée (2-2) et une première victoire en CAN contre le Burundi, ils réussissent l’immense exploit de mater le Nigeria, triple champion d’Afrique (2-0). Lalaina Nomenjanahary et Carolus Andriamahitsinoro sont les héros de cette performance historique. Cette victoire va décomplexer les Malgaches qui éliminent en huitièmes la RD Congo et tombent finalement en quarts de finale devant la Tunisie. Cette équipe, passée par les tours préliminaires pour se qualifier, demeure encore aujourd’hui la référence du foot malgache qui court derrière une deuxième participation à la CAN.
Les Mourabitounes s’offrent les Fennecs (2024)
Cela faisait deux CAN et huit matchs que la Mauritanie courait derrière une première victoire en Coupe d’Afrique. Celle-ci va tomber à Bouaké, le 23 janvier 2024, dans un match de la survie face à l’Algérie. L’équipe championne d’Afrique cinq ans plus tôt va s’effondrer sur un but de Mohamed Dellahi Yali, dont le nom est à jamais gravé dans l’histoire du foot mauritanien. Pour sa troisième participation à la CAN, la Mauritanie accède enfin aux huitièmes de finale avec à sa tête un certain Amir Abdou. Celui-là même qui avait permis aux Comores de décrocher une belle performance deux ans plus tôt lors de la CAN camerounaise.



