CAN 2025: le Cameroun est dos au mur mais «quand le drapeau appelle», il faut «répondre présent»

David Pagou, nommé sélectionneur du Cameroun début décembre, a préparé la CAN façon commando. Dans un contexte très compliqué, ce fils de militaire a rassemblé ses hommes sous les mots d’ordre de la discipline et du respect avant le premier match contre le Gabon mercredi 24 décembre.
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Avec notre envoyé spécial à Agadir,
C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, paraît-il. Ce Cameroun, qui avance dans l’inconnu avant d’affronter le Gabon pour son premier match de la CAN au Maroc, s’en remet donc aux vieilles recettes qui ont fait leurs preuves. Nouveau sélectionneur, nouveaux jeunes joueurs, nouveau staff… David Pagou n’a eu d’autre choix que de se tourner vers un mélange qu’il connaît bien pour mobiliser son groupe : de la discipline, quelques vétérans de la sélection qui ont survécu à la purge opérée (Bassogog, Épassy et Tolo ont été nommés co-capitaines) et un peu de patriotisme. Pour le reste, on verra plus tard. Pas le temps de développer ce projet plus loin, la mission commando commence à Agadir.
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Pagou, ancien adjoint de Marc Brys et fils de militaire, n’a eu ni le temps, ni les moyens d’apposer une quelconque patte tactique à son groupe. Ses hommes n’ont bénéficié que d’une grosse semaine et d’un match amical (1-1 contre la Renaissance Zemamra le 19 décembre) pour se découvrir. Et parmi eux, nombreux sont ceux qui n’ont encore jamais goûté à la CAN (Samuel Kotto, Gerzino Nyamsi, Che Malone, Carlos Baleba, Eric-Junior Dina Ebimbe, Arnaud Mael Kandem…). Il y a de meilleurs auspices pour s’attaquer à un derby d’Afrique centrale, contre un Gabon en grande forme.
« Discipline, humilité et respect »
Pour préparer ses joueurs, le néo-sélectionneur a insufflé ce qu’il a pu, lui qui a fait ses classes, entre autres, du côté des équipes militaires camerounaises. Ce sont les joueurs qui en parlent le mieux : « Vu les entraînements et ce qu’on a vu depuis le début du stage, il y a de la discipline, de l’humilité et le respect des autres qui règnent au sein du groupe », a lancé Nouhou Tolo, qui postulera pour le brassard de capitaine mercredi au stade Adrar.
David Pagou traîne derrière lui une réputation de meneur d’hommes, capable de saillies pour remobiliser ses troupes. D’ailleurs, lors de sa prise de poste, une vidéo de vestiaire datant de ses années du côté du PWD de Bamenda, avec qui il a été champion du Cameroun et remporté une Coupe du Cameroun entre 2019 et 2022, a été exhumée sur les réseaux sociaux. On y voit le technicien prendre à parti vigoureusement ses joueurs, parfois individuellement, soulignant leurs erreurs respectives, pendant la mi-temps d’un match. Pas étonnant pour un homme selon qui il faut « respecter le football, car le football n’aime pas le désordre ».
Le Cameroun n’est jamais aussi fort que dos au mur
Pour le moment, pas question de passer des savons à la mi-temps. Pagou semble s’être limité à quelque chose de moins intense, et le groupe ne cesse de répéter qu’il vit bien. « On s’est mis autour d’une table entre nous et on s’est parlé. Voilà comment on a procédé pour que cet état d’esprit règne, a expliqué le patron de la sélection. Maintenant, c’est à nous sur le terrain de faire le nécessaire au maximum, de se serrer les coudes, de regarder ensemble dans la même direction, comme une équipe famille. »
Malgré les circonstances et les secousses que connaît la tanière, le défi n’effraye pas l’ancien adjoint de Marc Brys. « Je suis un soldat, quand le drapeau m’appelle, je réponds présent », a-t-il résumé. Sauf que le drapeau, « il pèse », a glissé Tolo. Car peu importe le contexte, les attentes autour de cette sélection sont immenses et le maillot est lourd sur les épaules. Le Cameroun reste le Cameroun. Les Lions demeurent des Lions et ils espèrent bien être indomptables.
Après tout, la CAN remportée en 2017 prouve bien que le Cameroun est rarement aussi fort que quand il est en difficulté. Avec un sélectionneur fraîchement licencié dans un fracas médiatique, de nombreux cadres écartés, quelques absents, le tout sous le regard sévère d’un Samuel Eto’o fraîchement réélu à la tête de la Fédération, le Cameroun est carrément dos au mur.



