Cameroun: l'opposition ne parvient pas à mutualiser ses forces en vue de la présidentielle du 12 octobre

C’était l’un des objectifs prioritaires de l’opposition camerounaise pour cette présidentielle du 12 octobre : mutualiser les forces et les moyens des candidats de l’opposition, face à celui du pouvoir, le président sortant Paul Biya. Une mutualisation présentée comme impérative pour notamment sécuriser et certifier les résultats issus des urnes après dépouillement. L’opération devait permettre la présence dans tous les bureaux d’au moins un représentant de l’opposition. Un déploiement au coût financier jugé onéreux et qu’une mise en commun des moyens aurait permis d’alléger. À l’évidence, à moins d’une semaine maintenant du scrutin, l’objectif ne sera pas atteint.
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Au Cameroun, Ernest Pekeuho, ancien directeur de campagne du candidat Jacques Bougha, du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC) a été membre du secrétariat technique ayant travaillé à l’élaboration des stratégies de mutualisation des forces de l’opposition, en vue du contrôle et la sécurisation des votes, rapporte notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba. Un principe sur lequel tous les candidats étaient d’accord, affirme-t-il, mais qui finalement n’est pas allé jusqu’au bout, explique Ernest Pekeuho.
« Plusieurs réunions ont eu lieu à Yaoundé à la fondation Salomon Tamdeng Muna. Et n’ayant pas trouvé un candidat consensuel, nous nous sommes retournés dans la recherche d’une stratégie consensuelle de sécurisation des 31 000 bureaux de vote. Un secrétariat technique dirigé par le député Koupit Adamou avait été constitué, un groupe WhatsApp a été créé et dès les premiers jours un texte de sécurisation des bureaux de vote proposé par le Dr Jacques Bougha a été adopté et, progressivement, à l’approche de la campagne les choses se sont endormies. Au final, nous n’avons pas trouvé de consensus sur la stratégie de sécurisation ».
Le défi pour les candidats de l’opposition est pourtant de taille. Garantir la présence d’au moins un représentant dans chacun des 31 000 bureaux de vote annoncés pour ce scrutin, ajoute Ernest Pekeuho. « Plus de la moitié des candidats ne vont pas désigner de représentants faute de moyens, parce qu’il est de plus en plus difficile pour un candidat de mobiliser, s’il faut par exemple donner 10 000 Francs CFA par représentant, cela fait 310 millions de francs, une somme très difficile à trouver dans ce pays ».
Faute de consensus sur cette question, plusieurs candidats ont appelé à un engagement citoyen bénévole des électeurs à sécuriser eux-mêmes leurs votes.
Les électeurs appelés à « vérifier » leur bureau de vote
L’organe en charge de l’élection du scrutin (Elections Cameroon) a annoncé avoir mis à disposition pour affichage la liste des bureaux de vote par commune et la répartition des électeurs par bureau de vote. Il reste maintenant cinq jours aux Camerounais / Camerounaises qui veulent voter pour vérifier l’endroit où ils devront se rendre dimanche pour déposer leur bulletin dans l’urne et récupérer leurs cartes d’électeurs. Amélie Tulet de RFI s’est rendu ce 6 octobre dans une des antennes d’Elecam à Yaoundé, la capitale.
On m’a dit d’aller dans mon bureau de vote, juste à côté de ma maison. Je verrai les listes et je pourrai voter.
Cameroun : difficile de trouver son bureau de vote
Un employé propose un banc en bois, quelques chaises en plastique. Il va falloir patienter. Une quarantaine de personnes sont déjà là. Pauline, la soixantaine, retourne travailler, sa carte n’est pas là. « Ce n’est pas encore sorti. On m’a dit d’aller à mon bureau de vote tout juste à côté de ma maison. Je verrai les listes et je pourrai voter ».
La liste des bureaux de la commune est affichée. Mais pas la liste des électeurs par bureau. Pour éviter les dégradations, explique-t-on sur place. Il faut donc demander à un agent de vérifier à chaque fois si son nom apparaît. Faustine s’en va, contrariée. « J’ai inscrit mon nom, ça fait plus de quatre mois, je n’ai pas de carte électorale, je ne comprends pas pourquoi. Ce n’est pas normal ».
Même si en principe sa carte doit l’attendre dans son bureau de vote le jour J. Même si elle doit pouvoir voter simplement en présentant sa carte d’identité, Faustine n’est pas rassurée à l’idée que peut-être, ce dimanche 12 octobre, elle ne pourra pas mettre son bulletin dans l’urne. « Parce que j’ai besoin que mon pays change, que mon pays évolue, on est très loin derrière, même le petit Tchad va venir nous dépasser, ce n’est pas normal ».
En s’appuyant sur un capot de voiture, Yves, note son nom, son numéro de récépissé de demande de carte d’électeur, ce fonctionnaire se dit serein. « J’ai pleinement confiance en l’organisation du scrutin et je crois que tout va se passer tel que les lois le prévoient ». En attendant le scrutin, les électeurs doivent pouvoir aussi vérifier leur inscription en ligne sur le site d’Elecam individuellement.
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