Cameroun: «Je suis fière de mon frère, c'est un véritable martyr !», confie Gertrude Ekane

Alors que militants et anonymes continuent de venir se recueillir au siège du Manidem, le parti que présidait Anicet Ekane mort en détention le 1er décembre, RFI a pu pour la première fois recueillir la réaction de l’une des soeurs de l’opposant camerounais.

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Avec notre correspondant à Douala, Polycarpe Essomba

Entre deux sanglots, Gertrude Ekane confie ne pas s’être encore faite à l’idée du décès de son frère, décédé le 1er décembre dernier en détention à Yaoundé, au Cameroun, où il avait été transféré. Rencontrée à Douala, au siège du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) – le parti que présidait Anicet Ekane – où la famille du défunt reçoit militants et anonymes qui viennent se recueillir, celle-ci vit péniblement le deuil. « Je n’arrive pas encore à accepter sa mort parce que je l’ai vu quatre jours avant seulement. C’est très difficile. Je ne dors pas…», confesse-t-elle auprès d’RFI.

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Revenant sur l’autopsie qui a été réalisée sur le corps d’Anicet Ekane malgré l’opposition de ses proches, celle-ci se montre un brin fataliste. « Ils sont forts. Que peut-on faire ? Rien…», affirme-t-elle avant de poursuivre : « Mais c’est trop osé : on ne peut pas tripoter comme cela le corps d’une personne, ni exposer son bilan médical de la façon dont cela a été fait. En plus, il s’agit d’un faux bilan », s’indigne-t-elle, dans une allusion à la démarche qui a été effectuée. Se méfiant d’une autopsie confiée à des médecins légistes désignés par les mêmes autorités que celles qui étaient responsables de la détention d’Anicet Ekane, sa famille souhaitait que des experts indépendants y participent également.

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Si Gertrude Ekane ne cache par ailleurs pas son agacement au sujet de la polémique née des propos tenus par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui a déclaré dans une interview qu’Anicet Ekane n’était « ni martyr ni héros » , celle-ci juge que ce débat est désormais vain. Au regard de la forte résonance qu’a eu son décès et du fait que « tout le monde parle [de lui] », il est « un vrai héros », tranche-t-elle. « Je suis fière de mon frère. C’est un véritable martyr. Son décès me fait profondément mal, je le pleurerai toute ma vie, mais je suis fière de lui parce qu’il a tenu ! », ajoute-t-elle encore alors qu’à ce stade, ni la date, ni les modalités des obsèques d’Anicet Ekane n’ont été fixées. 

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