Cameroun: après les violentes manifestations, les familles à la recherche des détenus et des blessés

Au Cameroun, cinq jours après les manifestations violemment réprimées qui ont suivi la proclamation de la victoire de Paul Biya à la présidentielle, les familles recherchent leurs proches arrêtés ou blessés. À Douala, certains sont toujours introuvables. Alors les familles se rendent à proximité des centres de détentions, notamment la prison centrale de New Bell et des hôpitaux.
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Avec notre correspondant à Douala, Richard Onanena
À Bilongue, dans le 3e arrondissement, une dizaine de femmes, assises sous la véranda d’une maison en planche, sont inconsolables. Le chef de famille a été abattu mercredi 29 octobre par balle. Ses proches ont été informés plusieurs heures après le drame et l’accès au corps a été difficile, comme raconte le frère cadet de la victime. « Pour voir le corps aussi, ce n’était pas du tout facile parce que je ne savais pas du tout là où on avait positionné le corps », témoigne-t-il.
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Plusieurs centaines de personnes incarcérées
À l’hôpital Laquintinie, Amasrou et Hissen, deux jeunes du quartier New Bell, foyer de tensions en début de semaine, insistent pour entrer dans un bâtiment où se trouve leur voisin. Ils sont restés plusieurs jours sans nouvelles de lui, avant qu’il ne contacte ses amis depuis l’hôpital. « Il a appelé, nous a dit que « je suis à l’hôpital Laquintinie ». Nous, on est venus en premier, il nous a dit « allez maintenant chercher l’argent » », confie le jeune homme.
Hôpitaux, commissariat, prisons, les familles multiplient les recherches à Douala, comme l’a constaté l’ONG Un Monde Avenir. Son coordonnateur Philippe Nanga s’est rendu à la prison centrale de New Bell. « On dénombre plusieurs centaines de personnes qui sont dans des lieux de détention, le plus gros lot étant dans la prison centre de New Bell, où on a fait un tour également, et qui se retrouvent là sans savoir ce qu’ils font là et dont les familles ne sont au courant que plusieurs jours après », explique Philippe Nanga.
Le bilan reste incertain. Selon un responsable de la prison de New Bell, 355 personnes ont été incarcérées. Elles sont plus de 500 selon d’autres sources.
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