Au Burundi, le très polémique président sortant de l’Assemblée nationale, Gélase Daniel Ndabirabe, considéré également comme l’un des durs du régime, a été reconduit jeudi 31 juillet 2025 à la tête de l’Assemblée nationale pour une nouvelle législature de cinq ans. Mais Ce n’était pas le candidat du président Évariste Ndayishimiye, qui a dû reculer devant la fronde des généraux issus de l’ancienne rébellion CNDD-FDD au pouvoir, et qui contrôlent le parti au pouvoir en coulisse.
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C’est un véritable plébiscite puisque la candidature de Gélase Daniel Ndabirabe a été approuvé par 109 voix sur 111 (une abstention et une voix nulle) dans une chambre dominée à 100% par le CNDD-FDD qui a remporté tous les sièges en jeu dans les récentes législatives contestées de juin. L’affaire a été rondement menée en apparence. Gélase Daniel Ndabirabe était seul candidat au perchoir, les députés avaient reçu le matin des consignes claires pour voter pour lui, et en moins de deux heures, les jeux étaient faits.
Mais ce n’était pas le plan du président burundais. Évariste Ndayishimiye pensait avoir tout prévu, selon nos sources. Son chef de cabinet de police et homme de confiance avait pris sur sa demande une retraite anticipée de la police il y a sept mois. Nommé gouverneur de province dans la foulée, le général de brigade Léonidas Ndaruzaniye avait ensuite été élu député il y a un mois. Tout marchait donc parfaitement et son nom circulait dans les milieux avertis, comme celui du futur patron de l’Assemblée nationale du Burundi.
Âpres débats en coulisses
Mais un grain de sable s’est glissé dans cette machine qui semblait bien huilée jusque-là, lorsque le président sortant, Gélase Daniel Ndabirabe, a refusé tout net de céder sa place, disant refuser l’humiliation de siéger comme simple député dans un hémicycle qu’il avait dirigé d’une main de fer pendant les cinq dernières années, explique un de ses proches.
Finalement, la vieille garde du parti au pouvoir, constitué de généraux de la première heure, s’est rangé derrière le président sortant de l’Assemblée nationale. « Ils se méfient de Ndayishimiye depuis qu’il a fait condamner son ancien rival, le général Bunyoni ». « Ils craignent qu’ils ne les écartent l’un après l’autre, au profit de ses fidèles », analyse une autre source. Les débats ont été très âpres en coulisse, assure la même source, qui rappelle que dans le système CNDD-FDD, « même le chef de l’État ne peut pas décider tout seul ».