Burkina Faso: Un outil pour prédire les inondations et en limiter les dégâts

Ouagadougou — Une application pour prédire les inondations à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso est opérationnelle. Basée sur l’intelligence artificielle, c’est un système intelligent et prédictif, doté d’une intégration multi-source de données locales.

Il s’agit notamment des données hydrologiques (cours d’eau, barrages, etc.), des données météorologiques en temps réel (pluviométrie, humidité, vent, etc.) et des données géographiques (pente, nature des sols, infrastructures, etc.).

Avec un taux de précision de 91%, cet outil vise, selon son concepteur, à aider à prévenir les inondations « récurrentes, brutales et dévastatrices » auxquelles est confrontée depuis plusieurs décennies la ville de Ouagadougou, la capitale du pays.

« Nous croyons profondément qu’avec cet outil, nous pouvons transformer la panique en prévention, le chaos en coordination, et l’impuissance en action responsable »Tanguy Kaboré Université Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou

« En 2009, par exemple, ces inondations ont occasionné près de 41 décès. En 2016, elles ont affecté près de 50 000 victimes, et en 2020, près de 20 000 personnes. Et cela n’est pas sans conséquence sur la population, les infrastructures et les habitations. Compte tenu de tous ces dégâts, l’inaction n’est vraiment plus une option », affirme Tanguy Kaboré du Laboratoire de mathématiques et d’informatique (LAMI) de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, concepteur de l’application.

Pour obtenir les prédictions, le chercheur fait savoir qu’il suffit de cliquer sur un onglet et le système intelligent mène son raisonnement pour dire s’il y aura une inondation ou pas à Ouagadougou.

En ce qui concerne le mécanisme qui est utilisé pour prédire les inondations, Tanguy Kaboré précise que « c’est une technologie d’apprentissage automatique qui est utilisée ».

En effet, « ce système utilise les données météorologiques, hydrologiques et géographiques de la ville de Ouagadougou. Ce sont ces données qui sont étudiées afin d’entraîner un modèle », explique-t-il.

A en croire Tanguy Kaboré, outre les prédictions, l’application dispose de d’autres fonctionnalités pour la surveillance d’un certain nombre de cours d’eau qui traversent la ville de Ouagadougou et pour la cartographie des zones vulnérables sur une carte interactive.

Pour le professeur Stanislas Ouaro, directeur du LAMI, les données sont fondamentales aujourd’hui parce qu’elles sont utilisées pour entraîner des systèmes d’intelligence artificielle à pouvoir faire des prévisions en temps réel pour prévoir des événements dans le futur.

« La qualité des données est une question centrale. Si vous avez entrainé votre système d’intelligence artificielle sur des données de mauvaise qualité, vous aurez à la fin un produit de mauvaise qualité. Mais si vous l’entrainer sur des données de très bonne qualité, vous aurez donc un système de très bonne qualité », indique-t-il.

A cet effet, ajoute-t-il, « c’est un outil qui peut être mis à la disposition des autorités pour aider à prendre des décisions ».

Outil d’aide à la décision

Arzouma Zombré, le directeur général des services techniques municipaux de la commune de Ouagadougou rappelle que « les inondations ne sont pas liées seulement à la quantité d’eau qui est tombée. Elles dépendent de beaucoup de facteurs qui sont, entre autres, la qualité et l’encombrement des ouvrages ».

A l’en croire, cela s’ajoute à l’ incivisme dans la vie publique qui fait que chaque année, la commune engage une répression contre la population par rapport à l’occupation des ouvrages d’assainissement.

Au regard de cela, Arzouma Zombré pense que cet outil va aider la municipalité en mettant l’accent sur la communication pour sensibiliser les populations à adopter des comportements pour prévenir les inondations.

Pour sa part Guillaume Nacoulma, directeur de l’exploitation de la météorologie à l’Agence nationale de la météorologie (ANAM) se réjouit de la mise au point de cette technologie. « Cet outil est vraiment le bienvenu et entre en droite ligne des objectifs de l’ANAM ».

Pour lui, prévoir un jour ou deux jours à l’avance la survenue des inondations pourrait amener l’ensemble de la population au Burkina Faso, principalement de Ouagadougou, à limiter les dégâts de ces phénomènes fréquents et de plus en plus extrêmes.

« C’est un outil d’aide à la décision qui va être très utile parce que l’ANAM, en tant que structure nationale publique de fourniture d’informations aux populations pourrait effectivement contribuer d’abord dans l’amélioration et la fiabilité de cet outil et aussi être une porte d’entrée pour sa vulgarisation. Il permettra à nos autorités de prendre des décisions avant les inondations » soutient-il.

« Nous souhaiterions que les produits de la recherche soient mis à la disposition des opérationnels pour pouvoir effectivement passer de la recherche à l’opérationnel et fournir des services aux utilisateurs finaux que sont nos populations », martèle Guillaume Nacoulma.

« Nous croyons profondément qu’avec cet outil, nous pouvons transformer la panique en prévention, le chaos en coordination, et l’impuissance en action responsable » renchérit Tanguy Kaboréle concepteur de l’application qui souhaite d’ores et déjà l’étendre à tout le Burkina Faso.

Pour sa part, Oumar Konombo, expert en technologie de l’information et de la communication (TIC) au CILSS (Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel) suggère que cette solution soit développée sous forme d’une application mobile pour diffuser les informations automatiquement en langue locale, au profit des populations.

Il est convaincu que le Burkina, avec cette solution endogène, pourra prévenir les effets lies aux catastrophes.

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