Bénin: Le syndrome du dauphin ?

Dans le camp du président sortant Patrice Talon, qui boucle son second et dernier mandat, comme dans celui de l’ancien président Yayi Boni, on est à l’époque des dauphins, chose rare dans la sous-région, voire sur le continent. Raison pour laquelle on constate de part et d’autre des soubresauts, voire des contestations des candidats désignés.
Si pour le camp de Patrice Talon, la contestation semble moins vive, il n’en reste pas moins vrai qu’au sein de la mouvance présidentielle, la bataille de succession a déjà commencé depuis. La posture de dauphin n’est pas souvent heureuse. En effet, rappelons-le, l’actuel président n’a pas de parti politique ; c’est sans doute ce qui est à l’origine des prétentions vives de ses proches ; élu qu’il a été, sous la bannière d’une coalition autour du Bloc républicain (BR) et de l’Union Progressiste pour le Renouveau (UPR), coalition qui détient aujourd’hui la majorité à l’Assemblée nationale, et qui n’avait pas dit son mot.
C’est ainsi donc que les plus proches du cercle du président Talon, dont certains étaient présentés comme de possibles dauphins, dès que le président Patrice Talon avait confirmé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, ont ainsi fait les frais de la guerre de succession avant l’heure.
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En avril 2024, déjà Johannes Dagnon, conseiller spécial de Patrice Talon à la présidence de la République, perçu comme le plus influent, du moins l’un des plus influents du cercle présidentiel, qui dirige le stratégique bureau d’analyse et d’investigation (BAI), est limogé, pour des raisons que seuls le président et l’intéressé peuvent dire.
Il sera suivi en septembre d’Olivier Boko, un riche homme d’affaires, lui aussi très proche de Patrice Talon, et d’Oswald Homeky, son ancien ministre des Sports, qui eux sont accusés de « complot contre la sureté de l’État », dit-on, et condamnés à 20 ans de réclusion criminelle, par conséquent définitivement exclus de la course à la succession de Patrice Talon.
Ce dernier d’ailleurs, avait en effet bien compris la leçon de son avènement au pouvoir, en se choisissant un dauphin que personne ne voyait venir. En vrai outsider, Romuald Wadagni, un technocrate pur jus, actuel ministre des Finances, très brillant du reste, se retrouve propulsé comme dauphin, depuis le mois d’août 2025, et s’il vous plait, avec l’onction de la coalition qui a porté le président Talon lui-même au pouvoir. Ainsi du côté de la mouvance présidentielle, la question du syndrome du dauphin est définitivement écartée, désormais on se met en ordre de bataille pour la conservation du pouvoir en 2026.
Dans le camp d’en face, l’ex-président Yayi Boni, leader du parti « Les Démocrates », doit faire face à une minifronde, qui risque de saper la candidature de son parti. En effet, comme le prévoit la loi électorale du Bénin, les candidats à la présidence de la République doivent recueillir les parrainages de 28 députés au minimum pour être éligibles. Et pour garantir ce minimum requis, les députés du parti du Président Yayi Boni lui avaient remis leur fiche de parrainage signée.
Mais, au dernier moment, à la suite de la désignation du duo qui devait porter la candidature des « Démocrates », l’un des leurs, en l’occurrence le député Michel Sodjinou, décide de retirer son parrainage, risquant du coup de plomber la participation du Parti « Les Démocrates » à la présidentielle, rendant du coup son dossier incomplet. L’alerte de la CENA donnant 72h au parti de Yayi Boni pour fournir une fiche pour remplacer celle qui a été annulée a lancé un compte à rebours assez incertain depuis le 14 octobre dernier, date de la clôture de la réception des dossiers.
Quelle sera la suite des pourparlers et des procédures judiciaires que « Les Démocrates » entendent mener ? Bien malin qui pourra le dire. Pour rappel, cette volte-face du député membre du Parti « Les Démocrates » est consécutive à la contestation du choix de son parti d’investir le duo composé de l’avocat Renaud Agbodjo et de son colistier Jude Lodjou à la présidentielle.


