Bénin: Le respect du droit, premier devoir de tous les citoyens, même des hommes politiques

La démocratie béninoise vient rappeler une vérité simple mais essentielle : le droit n’est pas une option. En invalidant définitivement la candidature du duo Renaud Vignilé Agbodjo – Jules Lodjou, la Cour constitutionnelle a rappelé que, dans un État de droit, nul – pas même les responsables politiques – n’est au-dessus de la loi. Le parti Les Démocrates, miné par ses querelles internes, a vu ses ambitions présidentielles s’effondrer non sous le poids d’une manœuvre, mais sous celui de ses propres manquements.
Un parrainage manquant, une procédure ratée
Tout est parti d’une affaire en apparence mineure : la fiche de parrainage du député Michel Sodjinou. Celui-ci a affirmé que son nom avait été utilisé sans son consentement pour soutenir la candidature d’Agbodjo, dénonçant une falsification et menaçant de porter plainte pour “faux et usage de faux”. La justice ordinaire a tranché en sa faveur, annulant le parrainage contesté. Résultat : Les Démocrates se sont retrouvés avec 27 parrainages au lieu des 28 requis pour valider leur dossier de candidature.
Cette perte, minime en apparence, s’est révélée fatale. Au lieu de corriger l’erreur ou d’assumer leurs responsabilités, les dirigeants du parti ont multiplié les recours, dans la précipitation et la confusion. Mais la Cour constitutionnelle a refusé d’en examiner le fond : les requêtes ont été déposées hors du délai légal et portaient, pour certaines, sur des questions relevant déjà des tribunaux ordinaires. En d’autres termes, le parti a échoué sur la forme avant même d’avoir pu défendre le fond.
Les Démocrates victimes d’eux-mêmes
Ce scénario illustre une faute politique plus qu’un accident juridique. Depuis plusieurs semaines, Les Démocrates étaient rongés par des dissensions internes : entre la ligne institutionnelle d’Éric Houndété et la logique de contrôle personnel de Boni Yayi, le parti n’a jamais trouvé son équilibre.
La désignation tardive du duo présidentiel, le 14 octobre, à la veille de la clôture des candidatures, avait déjà révélé l’ampleur du désordre. L’affaire du parrainage manquant n’en a été que le symptôme : un parti prisonnier de ses querelles, incapable d’assurer sa propre conformité. En contestant ensuite les décisions de la CENA dans le désordre, le parti a confirmé ce que beaucoup pensent : une opposition qui revendique le pouvoir mais sans la stature pour gouverner.
Le courage d’assumer
Dans ce contexte, la réaction de Renaud Agbodjo le 28 octobre tranche avec le ton habituel de son parti politique. Prenant acte de la décision de la Cour, il a salué la rigueur de la justice et adressé à Romuald Wadagni un message d’apaisement et de responsabilité : « Votre responsabilité dans la conduite du Bénin sera grande. »
Ce geste, rare dans la défaite, rappelle que la loyauté envers les institutions prime sur les calculs partisans. Loin de l’agitation verbale et des accusations faciles, il incarne une forme de maturité politique : savoir perdre avec dignité pour préserver la République.
La démocratie par le respect du droit
Le verdict du 27 octobre ne signe pas une victoire d’un camp contre un autre, mais celle du droit sur la confusion. Le Bénin démontre, une fois encore, que la stabilité démocratique ne dépend pas du nombre de candidats, mais du respect scrupuleux des institutions.
La majorité, restée silencieuse et disciplinée, a compris cette leçon : la démocratie n’a pas besoin de triomphalisme, mais de respect. Et si le pays demeure un modèle dans la région, c’est justement parce que, face à la tentation du désordre, il choisit toujours la règle.



