Bénin: l’opposition reste sceptique face aux explications de Patrice Talon sur la «trêve politique»

Au Bénin, l’instauration d’une trêve politique dans la nouvelle Constitution, votée le 14 novembre 2025 et promulguée mercredi 17 décembre, continue de susciter interrogations et vives inquiétudes. S’agit-il d’un musèlement de l’opposition et de la fin du débat contradictoire sur l’action publique ? « Faux », répond le président Patrice Talon. Si le parti d’opposition Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE) se dit rassuré par les explications présidentielles, Les Démocrates estiment, eux, que la démocratie n’a pas besoin de pause.

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Avec notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan

Le président de la République du Bénin, Patrice Talon, a tenu jeudi 18 décembre une conférence de presse à la présidence, sa première intervention publique depuis la tentative de coup d’État du 7 décembre dernier. La veille, il avait promulgué la nouvelle Constitution adoptée par les députés le 14 novembre 2025. Parmi les modifications majeures : le mandat présidentiel passe de 5 à 7 ans, la création d’un Sénat composé de membres nommés (et non élus), et une trêve politique de six ans est instaurée durant le septennat.

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Lors de la conférence de presse, la question de la trêve politique est rapidement arrivée. Opposants comme citoyens attendaient une clarification du chef de l’État. Patrice Talon s’étonne et estime qu’on en avait fait « un foin terrible ». « La trêve ne concerne pas la critique de l’action publique. Mais nous savons que personne ne respecte les deux semaines de campagne que prescrivent nos lois. C’est cette période où on ne permet pas aux acteurs d’être en campagne que nous appelons trêve. C’est tout, c’est ce que veut dire la trêve ».

Le principal parti d’opposition opposé à cette trêve

Du côté du FCBE, ces explications semblent comprises. Prosper Adoukonou, conseiller juridique du parti, est convaincu par le chef de l’État : « Nous n’avons pas de raison de mettre en doute ce qu’il dit même si c’est politique. Nous en avons une idée maintenant. Ça signifie que les partis peuvent continuer à animer la vie politique ».

Le principal parti d’opposition, Les Démocrates, demeure opposé à cette trêve. « C’est antinomique avec la démocratie. C’est une manière de museler tous ceux qui peuvent faire des contrepropositions, ceux qui peuvent décrier, dénoncer. On doit pouvoir trouver à dire sur ce que fait l’exécutif tout le temps », explique leur secrétaire à la communication, Guy Mitokpè.

Il ne donne pas la possibilité qu’on puisse critiquer. Je trouve que c’est extrêmement grave, même s’il dit que la critique doit être suivie de propositions. Mais je trouve que la critique est l’âme même de la démocratie. La question de la « trêve politique », c’est une manière de museler tous ceux qui peuvent faire des propositions, tous ceux qui peuvent décrier, dénoncer. Donc, sur la question de la « trêve politique », une fois de plus, je trouve que c’est antinomique avec la démocratie et je ne partage pas ce point de vue avec lui. Nous avons un président de la République qui est assez cultivé, assez éloquent lorsqu’il s’exprime. Mais ce n’est pas parce que vous êtes élégant, éloquent lorsque vous êtes forcément dans la vérité.

Guy Mitokpè, secrétaire national à la communication du parti d’opposition Les Démocrates, réagi à la «trêve politique» inscrite dans la réforme constitutionnelle

RFI

« Il faut le laisser faire », dit Antoine Guédou, du parti La Grande Solidarité Républicaine. « Quand Patrice Talon s’accroche à quelque chose c’est une parole de Bible. Depuis qu’il est arrivé, sur quel sujet il a écouté les autres », ajoute-t-il.

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