Aux Comores, la lutte contre la corruption peine à convaincre la société civile

Aux Comores, la célébration de la Journée internationale de lutte contre la corruption a été décalée et célébrée ce mardi 23 décembre en présence du président Azali Assoumani. Le chef de l’État a notamment appelé les lanceurs d’alerte, la société civile, les médias et la jeunesse à s’engager sans réserve dans la défense de l’intérêt général. Mais au-delà des symboles, la question de l’efficacité réelle des dispositifs anticorruption reste posée. La Chambre anticorruption n’a, à ce jour, soit dix-huit mois après sa mise en place, aucune affaire aboutie. Une situation qui dénote avec le discours officiel et qui est pointée du doigt par la société civile.
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Avec notre correspondant à Moroni, Abdallah Mzembaba
Créée et intégrée à la Cour suprême, la Chambre anticorruption devait ouvrir une nouvelle phase dans la lutte contre les détournements, après la suppression de la Commission nationale anticorruption en 2016. Mais dans les faits, son action se limite aujourd’hui à la prévention et à la sensibilisation, une orientation pleinement assumée par sa présidente, Fahamoe Youssouf.
« C’est une chambre qui est mise en place récemment. Nous avons mis l’accent surtout sur la sensibilisation. Nous avons reçu quelques dénonciations ces derniers temps, mais on n’a pas encore achevé ces dossiers. Nous avons déjà dressé un plan d’action pour qu’au début de l’année 2026, on entame ces dossiers. La loi nous a donné toute la garantie que l’on doit poursuivre n’importe quelle personne, que ce soit un agent de l’État, que ce soit un ministre ou bien un président, on doit le poursuivre », explique-t-elle.
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« Il faudrait une révolution des mentalités pour lutter contre la corruption »
Une approche qui peine à convaincre une grande partie de l’opinion. Pour Al-Hamdi Abdillahi, un citoyen engagé, les discours ne suffisent plus face à la persistance de l’impunité. « Ce fléau est présent dans tous les milieux, dans l’administration tout comme dans le milieu scolaire. L’impunité de la justice n’aide pas à inverser la tendance. Il faudrait une révolution des mentalités pour lutter contre la corruption, note-t-il. Malheureusement aux Comores, les auteurs de détournement et d’abus sont acclamés et parfois même érigés en héros. Et je doute aussi de la volonté des autorités à combattre la corruption parce que récemment des responsables des impôts ont été soupçonnés de détournement. Ils ont été limogés quelques semaines après et il n’y a eu aucune poursuite. »
Et si les autorités rappellent que le pays a gagné quelques places dans le dernier rapport de l’ONG Transparency International, la société civile rappelle, elle, que le pays est en dernière position au niveau de l’océan Indien.
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