Au procès Lumbala, un prêtre remet en cause la responsabilité de l'ex-rebelle lors de tueries en RDC

Un prêtre italien installé depuis les années 1970 dans le nord-est de la RDC a témoigné mardi 2 décembre devant la cour d’assises de Paris au procès de Roger Lumbala, qui refuse toujours de comparaître. Ce procès, mené par le parquet antiterroriste au nom de la compétence universelle, porte sur les atrocités commises en 2002-2003 en Ituri et dans le Haut-Huele. Depuis deux jours, les témoins des exactions dans le territoire de Mambasa se succèdent. Ce 2 décembre, le prêtre a livré une version très différente de celles données en 2002 et en 2021 durant l’enquête. Les victimes qu’il avait rencontrées à l’époque ne comprennent pas ce revirement.

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Il est 14h lorsque le témoin prête serment. Pendant trois heures, il ne tourne jamais la tête : ni vers les parties civiles, ni vers les victimes venues assister à l’audience après avoir livré leur témoignage. Aujourd’hui âgé de 87 ans, le prêtre ne raconte plus du tout la même histoire.

Il affirme désormais que les événements d’octobre à décembre 2002 dans l’est de la RDC seraient le fait des hommes de Jean-Pierre Bemba, et dit ne pas se souvenir avoir entendu le nom de Roger Lumbala. Il évoque même un possible « conditionnement des témoins » lors de l’enquête.

Interrogé par Me Henri Thulliez, avocat des parties civiles, il ne se souvient pas de l’existence d’un communiqué de sa congrégation, daté du 27 novembre 2002, qui attribuait alors la reprise de Bafwasende et Mambasa aux troupes de Lumbala.

Ce mardi, le prêtre n’a plus rien confirmé de ce que sa congrégation avait consigné en 2002 puis de ce qu’il a répété en 2021 devant les juges. Il minimise désormais le rôle qu’aurait pu jouer l’accusé. Les victimes, abasourdies, s’interrogent. Est-ce l’âge, la confusion des noms qui explique ce revirement à la barre ? Elles rappellent que c’est grâce à lui que certaines d’entre elles ont eu la vie sauve. 

Les victimes s’étaient succédé à la barre

Le 2 décembre, tout au long de l’audience, les victimes de Mambasa, majoritairement issues de la communauté Nande, se sont succédé à la barre pour relater pillages, violences et exactions. Le dernier témoin de la journée, resté anonyme, a ouvert son audition par une description précise de la géographie de Mambasa, croquis à l’appui, avant d’évoquer l’arrivée des « Effacers », le meeting de Freddy Mopao qui se proclamait chef pour Roger Lumbala. 

« Mon père a été tué par les hommes de Roger Lumbala. Alors ce sont des soldats qui étaient venus du territoire de Bafwasende. C’était le 26 octobre 2002. Il y a une guerre qui a opposé des seigneurs de guerre, Roger Lumbala et Mbusa Nyamwisi. Le RDC/K-ML, occupait le territoire de Mambasa et le Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-N) de Roger Lumbala, occupait le territoire de Bafwasende, et les hommes de Roger Lumbala ont réussi à chasser les hommes de Mbusa Nyamwisi  et selon la philosophie de ces soldats, ils pensaient que tous les Nande étaient en train de supporter Mbusa Nyamwisi. C’est pourquoi tous les Nande étaient les cibles de l’opération « effacer le tableau«  ».

Âgé aujourd’hui de 41 ans, le témoin conclut en évoquant les conséquences économiques et psychologiques durables de ces événements, dont il assume seul le poids pour sa famille et regrette l’absence de Roger Lumbala à qui il aurait aimé demander pourquoi il a fait tuer son père. Par ailleurs, Roger Lumbala a annoncé, ce 1ᵉʳ décembre, qu’il arrêtait sa grève de la faim.

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