Au troisième jour d’une flambée de violences déclenchée par l’annonce d’une hausse des prix du carburant, le ministre angolais de l’Intérieur a fait état mercredi 30 juillet d’un nouveau bilan provisoire de 22 morts et de plus de 1 000 arrestations.
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Un important dispositif militaire et policier déployé dans des rues désertes, des banques et des commerces fermés : après deux jours d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, un calme précaire régnait ce mercredi 30 juillet à Luanda, et la tension restait palpable.
Au sortir d’un conseil des ministres présidé par le chef de l’État, le ministre de l’Intérieur Manuel Homem a dévoilé un nouveau bilan provisoire de 22 morts, dont un policier, et 197 blessés. Des supermarchés et des entrepôts ont été visés par les émeutiers, qui ont emporté vivres et marchandises, causant des dégâts dans 66 magasins, a également indiqué le ministre, faisant état de 1 214 arrestations.
« Nous voulons faire savoir aux citoyens angolais ainsi qu’aux résidents étrangers sur notre territoire que nous continuerons à tout mettre en œuvre pour que rien ne vienne troubler la sécurité publique ou la paix sociale dans notre pays », a-t-il déclaré.
Cela ne suffit visiblement pas à convaincre la société civile angolaise. « Ils lisent des communiqués institutionnels, mais aucun d’entre eux n’ose descendre dans la rue pour calmer la population. Au moment où je vous parle, Luanda est paralysée. Tout est fermé parce que le président a pris cette mesure de manière totalement irréfléchie ! », s’emporte Rafael Marques, journaliste et militant des droits de l’homme, interrogé par le service lusophone de RFI.
Un adolescent tué par balle
À l’origine de cette flambée de violences : la décision du gouvernement, début juillet, d’augmenter les prix des carburants fortement subventionnés de 300 à 400 kwanzas par litre (de 0,28 à 0,38 euro). Des organisations de la société civile avaient d’abord appelé à manifester chaque samedi, puis l’association des taxis du pays a décrété une grève de trois jours qui a débuté lundi et dégénéré en pillages généralisés.
La contestation s’étend désormais aux provinces de Benguela, Huambo, Huila et Icolo e Bengo. « On sait bien que si le carburant augmente, tous les prix des produits de première nécessité vont augmenter aussi. C’est triste, mais c’est la seule manière de se faire entendre ! », justifie Gildo Matias, rabatteur pour les minibus.
Des images circulant sur les réseaux sociaux ont montré des manifestations et des violences dans la ville côtière de Benguela, à environ 600 kilomètres au sud de Luanda, où la police a été déployée. Dans la ville de Lubango (sud), la police a reconnu qu’un officier avait tué par balle un adolescent de 16 ans qui tentait avec un groupe d’envahir les locaux du MPLA, le parti au pouvoir, selon un communiqué.
Deuxième pays producteur de pétrole du continent derrière le Nigeria, l’Angola traverse une crise économique profonde. L’inflation tutoie les 20% et le chômage les 30%, selon l’autorité nationale des statistiques. Dans un communiqué publié ce mercredi, les partis d’opposition Unita et Bloco Democrático ont déclaré que le pays traversait une « grave crise économique et sociale », due à des politiques « déconnectées de la réalité du pays ».