Appels à la grève générale à Madagascar: pourquoi les internes en médecine se mobilisent

Plusieurs rassemblements ont eu lieu dans les grandes villes de Madagascar, le 9 octobre 2025, à l’appel d’un mouvement né il y a deux semaines, pour protester contre le pouvoir. Environ un millier de personnes sont descendus dans les rues à Antananarivo et quelques centaines à Tuléar. Jeudi, les internes en médecine ont massivement répondu à un appel à la grève générale dans toutes les grandes villes du pays. Salaire dérisoire, manque de matériel et de reconnaissance : ils doivent composer avec des conditions de travail très difficiles et aspirent pour beaucoup d’entre eux à exercer à l’étranger. Explications.
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Avec notre correspondant à Antananarivo, Guilhem Fabry
Ce 9 octobre 2025, à l’hôpital Joseph-Ravoahangy-Andrianavalona de la capitale de Madagascar, aucun interne ne se trouve dans les couloirs et les salles d’opération . Les étudiants en septième et huitième années sont indispensables au système de santé public malgache. Soins d’urgence, opérations chirurgicales, préparation des ordonnances : ils épaulent les médecins dans toutes leurs tâches. Mais leur salaire est dérisoire : 500 000 ariary par mois, soit un peu moins de 100 euros. Et ils doivent affronter des conditions de travail très dégradées, explique cet enseignant en médecine.
« Les internes manquent de matériel, que ce soient les gants d’examen, l’alcool, les compresses, les perfusions, le sérum, déplore-t-il. Ils soignent mais leur conscience n’est pas tranquille. Ils se rendent compte que si le matériel avait été au complet, ils auraient pu sauver des vies ou accélérer le rétablissement de certains patients. Lorsque l’on fait part aux autorités de cette réalité, elles nous répriment par la force ».
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« Les internes ne sont pas reconnus à leur juste valeur »
Environ 1 500 internes ont fait grève jeudi dans toutes les grandes villes du pays, selon l’Union des internes de Madagascar. Même s’ils redoutent de devoir reporter des opérations à cause de la grève, les médecins, comme ce spécialiste dans un autre hôpital d’Antananarivo, soutiennent en grande majorité leur mobilisation : « Les internes ont fait 7 à 8 ans d’études au sein des facultés. Ce sont les médecins de demain mais ils ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Tous les jours, on voit sur les réseaux sociaux ou à la télévision que les malades se plaignent et même en veulent au corps médical pour la qualité des soins. Il est temps que tout le monde sache que l’État a beaucoup à faire pour améliorer la santé publique à Madagascar. »
La grève des internes en médecine est reconduite ce vendredi dans les six provinces de Madagascar. La veille, des milliers de personnes se sont mobilisées à Antananarivo pour protester contre le pouvoir malgache. Les promesses du président Andry Rajoelina n’éteignent pas le mouvement Gen Z, instigateur des manifestations, braqué par le ton sécuritaire du nouveau gouvernement.
Les manifestations du 9 octobre ont encore été dispersées par des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogènes et des coups de matraques. Ces manifestations se doublaient hier d’un appel à la grève générale.
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