Afrique: ZLECAf – Le continent parie sur l'intégration commerciale pour changer d'échelle économique

Réunis à Marrakech pour la deuxième édition du Forum des affaires de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), décideurs publics et acteurs économiques ont réaffirmé une conviction centrale : l’intégration commerciale du continent est devenue un impératif stratégique pour le développement de l’Afrique.
À cette occasion, le secrétaire d’État marocain chargé du Commerce extérieur, Omar Hajira, a souligné le rôle structurant de la ZLECAf dans la transformation économique africaine, en particulier pour le secteur privé.« La ZLECAf constitue l’un des projets les plus ambitieux sur lesquels l’Afrique mise pour stimuler sa croissance », a déclaré Omar Hajira devant seize ministres africains et plus de trente délégations venues de l’ensemble du continent.
Pour Rabat, qui se positionne comme un hub économique entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient, l’enjeu est autant continental que stratégique. Avec un marché potentiel de 1,3 milliard d’habitants et un PIB cumulé estimé à 3 400 milliards de dollars, la ZLECAf représente un changement d’échelle inédit.
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Elle ambitionne de corriger une anomalie structurelle : le faible niveau du commerce intra-africain, qui représente moins de 17 % des échanges du continent, contre plus de 60 % en Europe. En levant progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires, l’accord vise à créer des chaînes de valeur régionales capables de soutenir l’industrialisation africaine.
Omar Hajira a insisté sur un point clé : les principaux bénéficiaires de la ZLECAf seront les entreprises privées africaines. PME industrielles, acteurs de l’agroalimentaire, de la logistique, des services ou encore des industries extractives transformées localement sont appelés à devenir les moteurs de cette intégration.
Le forum de Marrakech se veut ainsi une plateforme de mise en relation, de partage d’opportunités concrètes et de construction de partenariats Sud-Sud. Signé en mars 2018 à Kigali, l’accord de la ZLECAf vise à réduire progressivement les droits de douane sur 90 % des lignes tarifaires, tout en protégeant les industries sensibles et en accompagnant les économies les plus vulnérables. L’objectif affiché est double : stimuler les échanges intra-africains et réduire la dépendance structurelle du continent aux importations de produits manufacturés.
Sur le plan géoéconomique, la ZLECAf s’inscrit dans un contexte mondial marqué par la fragmentation des chaînes de valeur, la montée du protectionnisme et la rivalité entre grandes puissances. Pour l’Afrique, elle offre l’opportunité de parler d’une seule voix commerciale, de renforcer son pouvoir de négociation et d’attirer davantage d’investissements productifs.
Toutefois, les défis restent considérables : harmonisation des normes, modernisation des infrastructures, facilitation des échanges, financement des entreprises et stabilité politique. Le message de Marrakech est clair : sans une appropriation forte par les États et le secteur privé, la ZLECAf restera un potentiel inexploité. Mais si elle est pleinement mise en oeuvre, elle pourrait devenir l’un des piliers du développement économique africain au XXIe siècle.


