Afrique: Yacine Idriss Diallo – «La Côte d'Ivoire championne d'Afrique : aidez-vous, le ciel vous aidera !»

La présence de géants du football africain en action à Côte-d’Or la semaine dernière a fait rêver tous les Mauriciens. À commencer par les Ivoiriens d’Amad Diallo, champions d’Afrique en titre et qui viennent de se qualifier pour le Mondial 2026.
Nous avions rencontré le président de la fédé de foot des Éléphants, Yacine Idriss Diallo, juste après le 7-0 infligé aux Seychelles. Entretien sans langue de bois sur l’évolution du football africain et ses perspectives dans les prochaines grandes compétitions avec un dirigeant humble, croyant et ambitieux…
Comment se passe votre déplacement à Maurice, vous connaissiez déjà l’île ?
— J’ai été bien accueilli par mon ami Samir (NDLR : Sobha). Je connais bien Maurice. J’étais venu avec la Côte d’Ivoire pour la saison 2006-2007 pour une préparation, on avait joué un match amical contre Maurice avant de jouer contre Madagascar. C’est un pays que nous aimons beaucoup. Le vol direct a duré 8h40, mais ça a été, nous étions dans l’avion de notre compa- gnie nationale Air Côte d’Ivoire qui est un très bel avion : un A330 tout neuf !
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Est-ce un avantage de venir jouer contre les Seychelles à Maurice ou vous auriez préféré aller à Mahé ?
— Pour nous, ça ne change pas grand-chose. C’est pratiquement la même distance au départ d’Abidjan. Mais l’avantage de jouer là, c’est qu’on a un très beau terrain, une très belle pelouse et on joue dans de très bonnes conditions. On est très satisfaits.
Surtout avec vos supporters ivoiriens qui ont fait du bruit en tribune…
— Ah oui, on a été très surpris de voir une aussi belle communauté dans votre beau pays !
La qualification en Coupe du monde est dans la poche pour vous. Que pensez-vous de la nouvelle formule d’une Coupe du monde élargie qui donne neuf places à l’Afrique (et peut-être dix en cas de victoire en barrages) ?
— Vous me donnez l’opportunité de remercier le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui, depuis qu’il est arrivé à la tête de la FIFA, a tout mis en oeuvre pour l’évolution du football mondial. Il a ainsi donné une chance à l’Afrique en nous faisant passer de 5 à 9 équipes. Voire 10 si on arrive à passer au niveau des barrages. Ça permet d’avoir plus d’équipes aux couleurs de l’Afrique pour défendre notre continent. C’est une très bonne chose, et on espère que tous les qualifiés pourront défendre crânement leurs chances et prouver que l’Afrique mérite d’être à ce niveau-là dans les 48 équipes du prochain Mondial. Pour la Côte d’Ivoire, c’est une grande qualification parce qu’on n’était plus allés en Coupe du monde depuis 2014.
∎ Le petit Teddy a eu la chance d’obtenir un maillot signé par toutes les stars ivoiriennes qu’il a pu rencontrer en chair et en os !
Quelles équipes africaines sont susceptibles de gagner un jour une Coupe du monde ?
— Les équipes africaines ont beaucoup évolué. Physiquement, tactiquement et dans la préparation. Je sens qu’on n’est pas loin. Je dois parler d’abord du Maroc, qui a prouvé dans la dernière Coupe du monde qu’il pouvait faire une demifinale. Après le Maroc, toutes les autres ont du potentiel et sont capables d’aller loin. Pour la Côte d’Ivoire, tout va dépendre du tirage au sort et des adversaires, mais il faudra déjà sortir de la poule et on prendra les choses comme elles viendront, les unes après les autres.
Les Éléphants ont remporté la CAN 2024 de façon rocambolesque, après avoir perdu 4-0 au 1er tour et limogé votre sélectionneur Jean-Louis Gasset. Finalement, c’est l’entraîneur adjoint Emerse Faé qui reprend les rênes et qui soulève la coupe. Coup de génie ou coup de chance ?
— Moi, je suis un croyant, je dis toujours insha Allah ou Alhamdulillah. Je dis que c’est la volonté de Dieu. Mais Dieu ne vous aide que si vous vous aidez vous-mêmes ! En amont, nous avons travaillé sérieusement, avec un staff technique de qualité. On a choisi les meilleurs joueurs ivoiriens. On les a préparés du mieux possible avec l’aide et le soutien de notre gouvernement, qui a mis beaucoup de moyens dans la dernière CAN, tant au niveau des infrastructures que des moyens pour l’équipe.
Vous avez pourtant frôlé la catastrophe…
— On a eu un coup dur au début. Cette défaite 4-0 contre la Guinée nous a mis un coup derrière la tête. Ça a été une défaite salutaire. Parce qu’à partir de là, l’équipe a changé. J’ai pris la responsabilité de libérer l’entraîneur qui était là et de mettre son adjoint local, avec qui il avait préparé toute la compétition. Et il a réussi à pousser, avec le nouveau mindset de l’équipe, pour arriver à ce résultat. On a battu le champion d’Afrique, le Sénégal, on ne l’a pas volé, on ne l’a pas usurpé. On a battu l’une des meilleures équipes de la compétition, le Mali, en jouant à neuf. On a battu le Congo, qui était invaincu, et le Nigeria, qui nous avait battus en poule 1-0. Comme je vous l’ai dit : «Aide-toi, le ciel t’aidera.» Nous avons travaillé sérieusement, avec humilité et abnégation, et le ciel nous a aidés. Dans la vie, la chance fait partie des choses dont on a besoin.
La CAN est souvent prise de haut par les grands clubs qui n’aiment pas trop libérer leurs joueurs en hiver. Comment changer cette mentalité du football européen vis-à-vis du football africain, ou alors faut-il changer la date du tournoi et ne plus le mettre en milieu de saison comme le suggèrent certains ?
— Je ne crois pas qu’ils nous prennent de haut. Ils paient les joueurs, ils veulent que les joueurs soient là. Moi, je fais confiance à la FIFA, qui est l’organisme de régulation du foot dans le monde. C’est une affaire d’équilibre. Je respecte énormément le travail des grands clubs européens, car on a beau dire, mais nos joueurs africains partent là-bas pour améliorer leur formation et leur niveau. Et quand ils partent là-bas, ils peuvent redonner à l’Afrique. Ce n’est pas une opposition, mais une complémentarité.
Qui dit président de la fédération de Côte d’Ivoire dit aussi grandes responsabilités. Vous êtes en poste depuis trois ans, quels sont vos objectifs pour le football ivoirien ?
— Quand j’ai pris cette fédération, je m’étais engagé sur un certain nombre de points : sur la relance du foot national, ça a été fait ; ensuite pour la relance du foot des jeunes, ça a été fait. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est qualifiée pour la CDM U17 filles au Maroc et la CDM U17 garçons au Qatar. On est dans la course dans les éliminatoires pour la CDM U20. Je m’étais engagé à participer et à gagner des compétitions majeures : on l’a fait. Nous sommes satisfaits. On est dans notre tableau de marche. Mais nulle oeuvre n’est parfaite, on va travailler pour améliorer le bilan.
À l’île Maurice, l’un des joueurs les plus suivis de votre sélection, c’est Amad Diallo de Manchester United. Que pensezvous de son apport au sein de la sélection ?
— Amad est une fierté pour la Côte d’Ivoire. À 18 ans, il est titulaire à Manchester United depuis bientôt deux saisons. C’est la preuve qu’il a du talent. Pour nous, c’est le présent et le futur ivoirien. On est très fiers de lui et on espère que les supporters lui donneront autant d’amour à Manchester United que nous lui en donnons quand il joue pour la Côte d’Ivoire.



