Afrique: Un nouveau rapport alerte sur l'intensification des violences en ligne contre les femmes

Un nouveau rapport publié conjointement par la Commission européenne et ONU Femmes révèle une intensification préoccupante des violences en ligne visant les défenseuses des droits humains, les activistes et les femmes journalistes.
D’après le communiqué d’ONU Femmes reçu à notre rédaction ce 09 décembre, cette étude, réalisée en partenariat avec des chercheurs de TheNerve, de City St George’s (Université de Londres), du Centre international pour les journalistes, ainsi qu’en collaboration avec l’UNESCO, met en lumière un phénomène qui ne cesse de s’aggraver, avec des répercussions bien réelles hors du monde numérique.
Selon le rapport intitulé « Point de bascule : l’escalade glaçante de la violence contre les femmes dans la sphère publique », 70 % des femmes interrogées déclarent avoir subi des violences en ligne dans le cadre de leurs activités professionnelles. Plus alarmant encore, 41 % d’entre elles affirment avoir subi des préjudices hors ligne directement liés à ces agressions numériques.
D’après la même source, ces nouvelles données s’inscrivent dans une tendance mondiale déjà observée ces dernières années. En 2020, une enquête de l’UNESCO indiquait que 20 % des femmes journalistes associaient des attaques physiques ou verbales hors ligne à des campagnes de harcèlement en ligne. Cinq ans plus tard, ce chiffre a plus que doublé, atteignant désormais 42 %, selon la nouvelle enquête conduite par les mêmes chercheurs.
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Pour Sarah Hendricks, directrice des politiques et programmes d’ONU Femmes, ces résultats confirment que « la violence numérique n’est pas virtuelle : elle constitue une violence bien réelle, aux conséquences concrètes ». Elle alerte sur les effets dissuasifs de ces attaques, souvent destinées à « réduire au silence les femmes qui s’engagent dans le débat public ».
Le rapport met également en évidence l’émergence de nouvelles formes de violences facilitées par les technologies. Près d’une femme sur quatre interrogée rapporte avoir été confrontée à des attaques assistées par l’intelligence artificielle, telles que des contenus manipulés ou des images truquées (« deepfakes »). Les créatrices de contenus traitant des droits humains apparaissent comme les plus exposées, avec un taux de 30%.
Cette publication intervient alors que le monde clôture les 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, un mouvement international destiné à sensibiliser et à mobiliser contre toutes les formes de violence faites aux femmes. L’édition de cette année se concentre sur les violences numériques, appelant à des réformes juridiques, à une régulation accrue des plateformes technologiques et à des mécanismes de soutien renforcés pour les femmes ciblées.
ONU Femmes profitera de cette mobilisation pour présenter une nouvelle stratégie visant à mieux prévenir et combattre les violences facilitées par le numérique. Cette feuille de route mettra l’accent sur la responsabilité des acteurs technologiques, le renforcement des données disponibles, les politiques centrées sur les survivantes et l’appui aux mouvements de défense des droits des femmes.
Dans un contexte de montée des discours de haine, de désinformation et d’autoritarisme, les auteurs du rapport appellent à une action collective pour protéger la participation des femmes dans l’espace public, en ligne comme hors ligne, essentielle au bon fonctionnement des sociétés démocratiques.


