Afrique: UA-GSMA – Un projet pour transformer 840 millions de vies

La Commission de l’Union africaine (CUA) et la GSM Association (GSMA) viennent de conclure un partenariat stratégique visant à combler la fracture numérique en Afrique, ainsi que les écarts persistants en matière d’utilisation et d’investissement. L’annonce a été faite mardi par le Parlement panafricain (PAP), basé à Johannesburg.
Ce partenariat prend la forme d’un projet d’appui technique d’un an, axé sur la gouvernance et l’infrastructure numériques. Il s’inscrit dans le cadre des efforts de l’Union africaine pour connecter un continent où plus de 840 millions de personnes restent hors ligne, et où les investissements dans la connectivité, notamment en zones rurales, restent insuffisants.
La réunion de lancement, tenue en format hybride, a été coprésidée par Lerato D. Mataboge, Commissaire de l’UA chargé des infrastructures et de l’énergie, et Caroline Mbugua, directrice principale des politiques publiques de la GSMA pour l’Afrique. L’événement a rassemblé des responsables de l’UA, des opérateurs de téléphonie mobile et des experts du secteur, illustrant une collaboration public-privé renforcée pour faire avancer l’agenda numérique du continent.
L’initiative, fondée sur des données et des preuves tangibles, s’aligne sur la vision de l’Union africaine de créer un marché numérique unique d’ici 2030, tel que défini dans le deuxième plan décennal de l’Agenda 2063.
Lors de la cérémonie, M. Mataboge a souligné que ce projet devait être « orienté vers les données, centré sur les personnes, les projets et les politiques pour produire un impact réel ». Il a ajouté : « Toutes les collaborations doivent être visionnaires, non seulement pour répondre aux besoins actuels, mais aussi pour anticiper et façonner l’avenir numérique de l’Afrique pour les générations futures. »
De son côté, Mme Mbugua a réaffirmé l’engagement de la GSMA à travailler avec l’UA pour élaborer une feuille de route collaborative destinée à soutenir le programme numérique africain, en veillant à ce que la transformation numérique bénéficie à tous.
Le projet AU-GSMA s’appuiera sur des outils tels que l’Indice numérique de l’Afrique, pour orienter des politiques publiques fondées sur les données, optimiser la gestion du spectre, et créer un environnement favorable aux investissements dans les infrastructures numériques, l’intelligence artificielle et le développement des compétences numériques. Il prévoit aussi la mise en oeuvre d’initiatives de renforcement des capacités, des dialogues sur les réformes budgétaires et une planification stratégique des investissements sectoriels.
Le PAP rappelle que, grâce à des investissements majeurs, la couverture 4G en Afrique est passée de 41 % en 2019 à 84 % en 2024. Toutefois, les zones rurales accusent toujours un retard, avec une couverture estimée à seulement 48 %, ce qui appelle un financement ciblé.
Selon les données du PAP, dans certains pays, des réformes politiques pourraient permettre de réduire les besoins d’investissement dans les infrastructures numériques de 200 millions à seulement 30 millions de dollars. L’impact potentiel est considérable : combler l’écart d’utilisation pourrait générer jusqu’à 700 millions de dollars de PIB supplémentaires pour le continent d’ici 2030.
La transformation numérique est désormais au coeur de la stratégie de développement de l’Union africaine. Elle est reconnue comme un levier d’intégration, de productivité et de gouvernance. À travers des cadres tels que la Stratégie de transformation numérique pour l’Afrique, le Pacte numérique pour l’Afrique, ou encore la Stratégie de l’UA sur l’intelligence artificielle, l’Union travaille avec les États membres pour harmoniser les réglementations, formuler des politiques favorables et déployer à grande échelle des solutions numériques dans l’éducation, la santé, l’agriculture et le commerce.