À 20 ans, Tonny Talasi vit une année décisive. Titulaire avec les Léopards U20 lors de la CAN CAF TotalEnergies 2025 en Égypte, l’attaquant découvre en 2025 une autre dimension du football continental : le CHAN CAF TotalEnergies, PAMOJA 2024, compétition réservée aux joueurs évoluant en Afrique. Entré en jeu contre le Kenya lors de la première journée (défaite 1-0), il mesure l’écart entre deux univers.
« En U20, j’étais l’un des cadres. Ici, je suis un des plus jeunes. Mais cette compétition me pousse à me surpasser », confie-t-il. Pour sa première apparition avec l’équipe A’ de la RD Congo, ses pensées sont allées directement à sa famille : « Je voulais qu’ils soient fiers. Porter ce maillot, c’est une responsabilité. »
Déterminé à franchir un cap, Talasi s’attache particulièrement à perfectionner sa finition : « Mon rôle, c’est d’être décisif, marquer et créer des occasions pour l’équipe. » Pour le prochain match face à la Zambie, il affiche une confiance solide et promet une prestation pleine d’engagement : « Si le coach me fait confiance, attendez-vous à un Talasi qui donnera tout à 200 % pour faire la différence. »
Malgré cette assurance, il reste humble et garde les pieds sur terre. Son ambition est claire : poursuivre sa progression, viser une carrière en Europe et, à terme, s’imposer en équipe nationale A. « Je veux finir ma formation à l’étranger et construire une grande carrière », conclut-il avec détermination.
À quelques heures d’un match crucial contre la Zambie, Tonny Talasi incarne cette jeunesse congolaise pleine d’envie et d’ambition. Un nom à suivre de très près, dont CAFOnline.com a recueilli l’une des toutes premières confidences à ce niveau, entre lucidité, détermination et soif de progrès.
Vous avez participé à la CAN U20 plus tôt cette année avec la RD Congo. Qu’est-ce que cette expérience vous a appris, à la fois sur vous-même et sur votre jeu ?
Cette compétition m’a énormément apporté, tant sur le plan personnel que sur le plan sportif. Elle m’a permis de me confronter à des joueurs issus de différentes écoles africaines, avec des styles de jeu variés. Cela m’a forcé à m’adapter rapidement, à développer mon intelligence de jeu et ma capacité à gérer les moments clés d’un match. J’ai compris qu’à ce niveau, la concentration est primordiale, surtout dans les phases décisives. Même si je n’étais pas encore au top physiquement, j’ai pu expérimenter les exigences du très haut niveau, et ça m’a fait grandir, dans la tête comme sur le terrain.
En quoi cette expérience avec les U20 vous a-t-elle préparé au CHAN ?
Elle m’a surtout forgé mentalement. Porter le maillot national, même chez les jeunes, implique déjà une grande responsabilité. À la CAN U20, j’ai appris à évoluer sous pression, à ne jamais me relâcher, même après un bon match. Cela m’a aussi appris l’importance de la remise en question permanente. Aujourd’hui, au CHAN, j’essaie de garder cette régularité, de rester concentré à chaque entraînement, et surtout, de faire preuve de résilience. Ce sont ces valeurs qui m’aident à mieux gérer les attentes autour de moi et à répondre présent dans les moments importants.
Vous avez connu une compétition de jeunes, et maintenant vous découvrez un tournoi senior. Quelles différences majeures avez-vous remarquées ?
En U20, j’avais un certain statut, j’étais un des cadres du groupe. Ici, je suis l’un des plus jeunes, et il faut regagner sa place, prouver à chaque séance. L’intensité physique est bien plus élevée, tout va plus vite. Tactiquement, il y a beaucoup plus de rigueur : la moindre erreur de positionnement peut coûter un but. Il faut être plus intelligent dans le jeu, plus mature dans les choix. Cette compétition m’enseigne l’humilité, mais elle me pousse aussi à me surpasser.
C’est votre première participation au CHAN. Comment vivez-vous cette aventure ?
C’est une immense fierté, et en même temps, un défi personnel. Le CHAN représente une opportunité unique de me faire connaître sur le continent, tout en servant mon pays. Quand j’ai appris ma convocation, j’ai ressenti un mélange d’excitation et de responsabilité. Représenter la RDC à ce niveau, c’est un rêve d’enfance. Le fait que le tournoi se joue en Afrique de l’Est, pas si loin de chez nous, donne à cette aventure une dimension encore plus spéciale. Je savoure chaque moment, mais je reste concentré sur l’essentiel : aider l’équipe à aller le plus loin possible.
Vous êtes entré en jeu lors du premier match contre le Kenya. Qu’avez-vous ressenti en foulant la pelouse ? À qui avez-vous pensé ?
C’était un moment très fort, chargé en émotions. Quand le coach m’a appelé pour entrer, j’ai senti la pression monter, mais aussi une grande motivation. Sur le terrain, je n’ai pensé qu’à une chose : donner le meilleur de moi-même. Mais intérieurement, j’ai pensé à ma famille. À mes parents, à mes proches qui m’ont toujours soutenu, même dans les moments difficiles. Je voulais les rendre fiers. Même si le match ne s’est pas terminé comme nous l’espérions, j’ai tout donné pour honorer ce maillot et leur faire honneur.
Malgré la défaite inaugurale (ndlr : 0-1 Kenya), quel est l’objectif collectif que vous vous êtes fixé avec l’équipe ?
L’objectif reste inchangé : aller le plus loin possible. Une défaite ne remet pas tout en question, au contraire, elle nous oblige à nous remettre au travail avec encore plus d’humilité. Nous prenons les matches les uns après les autres, sans brûler les étapes. Il y a beaucoup de talent dans ce groupe, et surtout une vraie envie de réussir ensemble. Nous avons revu ce qui n’a pas fonctionné contre le Kenya, et nous sommes déterminés à rebondir dès le prochain match.
Comment décririez-vous l’ambiance dans le groupe ?
L’ambiance est vraiment positive. C’est une ambiance à la congolaise. C’est une des forces de cette équipe. Il y a du respect, de la solidarité, beaucoup d’entraide. Même ceux qui ne jouent pas sont à fond derrière ceux qui sont sur le terrain. C’est un véritable esprit de famille. Bien sûr, il y a des moments de détente, des blagues, de la musique, mais quand l’heure de l’entraînement arrive, tout le monde est concentré. Cette cohésion fait notre force et nous donne une énergie supplémentaire.
Y a-t-il un joueur dans l’équipe avec qui vous avez tissé une complicité particulière ?
Oui, sans hésiter, avec Ibrahim Matobo. Nous nous connaissons depuis les catégories de jeunes. On a fait plusieurs stages ensemble, et cette complicité s’est construite naturellement, sur le terrain comme en dehors. C’est quelqu’un avec qui je peux parler librement, qui me comprend vite, et avec qui je partage la même vision du jeu. Cette relation me permet de me sentir plus en confiance, surtout dans les moments importants. C’est un vrai soutien dans le groupe.
Sur quoi travaillez-vous actuellement pour franchir un palier dans votre progression ?
Je me concentre énormément sur ma finition. En tant qu’avant-centre, on attend de moi que je sois décisif dans les derniers mètres. Je travaille mes frappes, mes choix dans la surface, ma capacité à rester lucide face au but. Je regarde aussi beaucoup de vidéos pour analyser mes déplacements et apprendre à mieux me positionner. Je veux devenir un attaquant plus complet, capable d’apporter des solutions, même quand le match est compliqué. La régularité dans la performance, c’est ce qui me permettra d’évoluer à un plus haut niveau.
Votre prochain match sera face à la Zambie. Que peut-on attendre de vous ?
Si le coach décide de me faire entrer ou de me titulariser, je donnerai tout ce que j’ai. Attendez-vous donc à un Talasi à 200%. Ce match est crucial pour nous, et je suis prêt à répondre présent. Je sais que chaque minute sur le terrain compte. Que ce soit par un but, une passe, un appel ou un repli défensif, je veux être utile à l’équipe. La Zambie est une équipe solide, mais nous avons aussi nos arguments. Personnellement, je me sens prêt, motivé et déterminé à tout donner pour cette rencontre.
Et à plus long terme, quelles sont vos ambitions personnelles ?
Je viens de vivre une année particulièrement intense et riche en opportunités, au cours de laquelle j’ai été sollicité par de grands clubs en Afrique du Nord ainsi qu’en RD Congo. Mon ambition est claire : continuer à progresser en club, avant de tenter l’aventure en Europe. Je souhaite évoluer dans des environnements très exigeants, découvrir de nouveaux styles de jeu et franchir un nouveau palier dans ma carrière.
Pour l’instant, mon focus est entièrement tourné vers le CHAN. C’est une étape importante pour moi, un véritable tremplin que je veux réussir pleinement. Mais au-delà du club et de cette compétition, je veux également m’imposer en équipe nationale A. Porter ce maillot au plus haut niveau, participer à des CAN, à des Coupes du Monde, ce sont des objectifs que je me fixe avec détermination.
Je suis pleinement conscient du chemin à parcourir, des efforts à fournir, mais je sais que la volonté, la discipline et l’amour du travail seront mes meilleurs alliés pour y parvenir.
Si vous deviez adresser un message aux jeunes joueurs congolais qui vous regardent aujourd’hui, que leur diriez-vous ?
Je leur dirais de croire en eux, de ne jamais baisser les bras, même dans les moments difficiles. Le talent, c’est important, mais ça ne suffit pas. Il faut une vraie discipline, une hygiène de vie irréprochable, et surtout, du respect : pour les entraîneurs, les coéquipiers, le maillot. Il faut aussi avoir le courage de se remettre en question. Rien ne vient tout seul, mais si vous travaillez dur avec honnêteté et passion, les portes finiront par s’ouvrir.