Afrique: PME africaines – La certification, un impératif pour conquérir le marché continental

Cette semaine, l’Ouganda est le pays hôte de l’African Industrialization Forum 2025 qui se déroule jusqu’au 21 novembre. Un rendez-vous crucial où les 55 pays de l’Union Africaine se croisent pour discuter de l’avenir industriel du continent. A cette occasion, Mme Athanasie Mukeshiyaremye, conseillère technique principale pour l’infrastructure de qualité et les obstacles techniques au commerce à la Commission de l’Union africaine (CUA), a mis en lumière les défis majeurs auxquels font face les micros, petites et moyennes entreprises du continent.
Dominant les économies africaines et jouant un rôle déterminant dans la création d’emplois, ces entreprises demeurent pénalisées par une faible productivité, des contraintes de capacité et des difficultés à atteindre les exigences de qualité des marchés régionaux et internationaux. Les coûts élevés liés aux tests, à l’inspection et à la certification, ainsi que la multiplicité des normes d’un pays à l’autre, constituent des barrières qui limitent fortement leur accès aux marchés.
Les PME africaines face aux défis de la productivité et de la qualité
Dans son intervention, Mme Mukeshiyaremye a insisté sur l’importance d’adopter des systèmes de management de la qualité tels que l’ISO 9001, l’ISO 14001 ou encore l’ISO 22000, estimant que ces outils permettent aux entreprises de mieux contrôler leurs processus, d’améliorer leur performance et d’accroître la confiance des consommateurs.
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La responsable de l’Union africaine a également rappelé que la certification agit comme un véritable « passeport commercial », en particulier dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), où le principe « une norme, un test, un certificat » vise à faciliter la libre circulation des produits certifiés à l’échelle du continent. Elle a appelé les PME à développer une culture de la qualité et à collaborer étroitement avec les organismes nationaux de normalisation afin de répondre aux exigences du marché et de renforcer leur compétitivité.
Ce même moment a permis à deux experts clés du système africain de normalisation d’apporter des précisions sur la question. Il s’agit de M. Vincent Kassozi, Responsable principal de la certification au Bureau national des normes de l’Ouganda (UNBS) et M. Peter Waiyaki, coordinateur de l’évaluation de la conformité à l’Organisation Africaine de Normalisation (ARSO). Ils ont présenté les avancées et les défis autour de la certification et de l’harmonisation des normes sur le continent.
En effet, les deux experts ont rappelé que la qualité reste un pilier indispensable pour assurer la compétitivité des entreprises africaines, renforcer la confiance des consommateurs et permettre la libre circulation des produits dans l’espace ZLECAf.
L’UNBS en première ligne pour accompagner les entreprises ougandaises
M. Kassozi, spécialiste de la certification des produits et des systèmes de management au sein de l’UNBS depuis 2019, a d’abord expliqué les enjeux de la certification en Ouganda. Titulaire d’une formation en sciences et technologies alimentaires et d’un master en nutrition, il souligne que la certification, fournie par une tierce partie indépendante, vise autant à protéger les consommateurs qu’à faciliter le commerce.
L’UNBS délivre des certifications pour les produits manufacturés et pour divers systèmes de management notamment ISO 9001, ISO 14001, ISO 22000, ISO 45001, ainsi que des référentiels de bonnes pratiques alimentaires et de reconnaissance de laboratoires. La validité des certifications est d’un an, avec des audits de surveillance semestriels.
L’expert a détaillé la procédure de demande en ligne, ainsi que les coûts associés. Pour réduire les obstacles financiers, l’UNBS a instauré plusieurs mesures destinées aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME).
Les micro-entreprises, moins de 4 employés et des actifs inférieurs à 10 millions de shillings (monnaie ougandaise), bénéficient notamment d’un système simplifié et de frais allégés, comme le VCs facturé à seulement 21 shillings par employé, tandis que certains tests coûteux, tels que l’analyse des aflatoxines, sont entièrement supprimés.
Les petites entreprises, entre 5 et 50 employés avec un plafond de 100 millions de shillings, et les moyennes, jusqu’à 100 employés et 360 millions d’actifs, bénéficient aussi de mesures spécifiques visant à faciliter leur mise en conformité et leur accès au marché.
L’ARSO : vers une harmonisation continentale des normes
Au niveau continental, M. Waiyaki a rappelé le rôle stratégique de l’ARSO, créée en 1977 et réunissant aujourd’hui 44 États membres, avec Zanzibar comme observateur. L’organisation a pour mission d’harmoniser les normes africaines, de coordonner l’évaluation de la conformité et d’accompagner les pays dans le renforcement des capacités techniques.
L’objectif est clair : garantir l’uniformité des produits africains, réduire les barrières techniques au commerce et permettre aux entreprises, notamment les PME, de tirer pleinement parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Peter Waiyaki a également mis en avant la marque de qualité ARSO, un label continental attestant qu’un produit a été testé et jugé conforme à une norme harmonisée africaine. Ce marquage, qui peut être apposé conjointement à une marque nationale dans une logique de « double marquage », facilite les accords de reconnaissance mutuelle entre pays africains.
Il constitue une étape majeure vers la libre circulation des marchandises et vers la construction d’un marché continental intégré où les entreprises n’ont plus à répéter les procédures de certification dans chaque pays.
Si les PME africaines parviennent à surmonter les obstacles liés à la certification, elles deviendront les véritables moteurs de la ZLECAf et d’un marché intérieur africain plus dynamique.


