Afrique: Nations unies – Le continent veut cesser d'être spectatrice de l'Histoire

À la tribune des Nations unies, plusieurs chefs d’États africains ont exhorté la communauté internationale à repenser les fondements du multilatéralisme, entre crise de légitimité, sous-financement sécuritaire et déséquilibre structurel. Le continent refuse désormais un rôle de spectateur.

Alors que l’Organisation des Nations unies célèbre son 80e anniversaire, les appels africains à une réforme en profondeur de l’institution se sont multipliés dans la nuit du 24 au 25 septembre. De la gouvernance mondiale à la sécurité collective, les dirigeants africains réclament une place à la hauteur du poids géopolitique et démographique du continent.

« Les Nations unies sont indispensables… mais à condition qu’elles se réforment », a lancé Denis Sassou N’Guesso, président du Congo, dénonçant une institution affaiblie par les crises, les critiques occidentales, et un sous-financement chronique. « Ne laissons pas l’histoire se faire sans nous ! », a-t-il lancé.

Conseil de sécurité : le verrou africain


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Au coeur des revendications, la réforme du Conseil de sécurité, où l’Afrique reste sans représentation permanente. « Le temps est venu d’une gouvernance plus juste et plus inclusive », a déclaré Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, appelant également à un cadre fiscal mondial équitable et un meilleur accès au crédit, afin de soulager une dette jugée « asphyxiante » pour les économies africaines.

Le président malgache, Andry Rajoelina, a pris l’exemple de son pays pour illustrer les défis énergétiques, appelant à une transition verte que Madagascar veut accélérer avec l’appui du système onusien.

Avec plus de 40 % des conflits armés se déroulant en Afrique, selon la Centrafrique, la stabilité est un enjeu vital. « Le Sahel seul concentre des millions de déplacés. Sans financement pérenne des opérations de paix, l’Afrique restera vulnérable », a martelé Faustin-Archange Touadéra, plaidant pour un mécanisme structurel, reposant sur des contributions obligatoires, non plus volontaires.

Géopolitique et justice internationale

Le président comorien, Azali Assoumani, a relancé le contentieux de Mayotte, qu’il qualifie de « dernière blessure de la décolonisation », tandis que William Ruto (Kenya) a défendu le rôle africain en Haïti, où son pays pilote une force multinationale sous-financée. « Si tant a été accompli avec si peu, imaginez ce qu’on aurait pu faire avec un vrai soutien onusien », a-t-il déclaré, après avoir salué le futur sommet Afrique-France prévu à Nairobi, en 2026.

Une recomposition stratégique en cours

Derrière ces prises de parole, un message stratégique clair. L’Afrique ne demande plus une réforme cosmétique, mais une co-construction du système multilatéral, dans un monde fragmenté par les rivalités de puissance. « Le multilatéralisme ne peut survivre s’il exclut une région représentant 1,4 milliard d’habitants », glisse un diplomate Ouest-africain. Loin d’un simple plaidoyer, ces interventions dessinent les contours d’une nouvelle diplomatie africaine, fondée sur la parité politique, la sécurité partagée, et l’intelligence économique globale.

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