Difficile d’évoquer le football ghanéen sans citer Mercy Tagoe-Quarcoo. Ancienne internationale, première femme arbitre du pays, puis première sélectionneuse des Black Queens, elle est une figure emblématique du football féminin ghanéen. Même si elle n’est plus à la tête de la sélection, son regard expert accompagne toujours les Black Queens.
Mardi soir, au Stade Olympique de Rabat, le Ghana défie le Maroc en demi-finale de la CAN féminine TotalEnergies 2024. Une rencontre cruciale pour des Ghanéennes de retour à ce stade de la compétition pour la première fois depuis 2016, et qui rêvent d’une finale à domicile samedi.
Comment le Ghana doit-il s’y prendre pour contrer le style de possession et l’avantage du terrain du Maroc ?
« Les Queens doivent d’abord presser haut au milieu de terrain pour perturber le jeu de possession marocain et casser leur rythme. Il faut garder une structure compacte, limiter les espaces entre les lignes, être solide défensivement. Utiliser la puissance physique et l’agressivité, notamment avec des joueuses comme Princess Marfo, pour déstabiliser les Marocaines. Le Maroc souffre dans le jeu aérien, c’est un axe à exploiter sur coups de pied arrêtés, que ce soit corners ou coups francs. Défensivement, il faut rester resserrées pour ne pas laisser des espaces à Ghizlane Chebbak, Ibtissam Jraidi, Najat Badri ou Fatima Tagnaout. »
Doris Boaduwaa et Evelyn Badu ont montré de belles fulgurances. Quel rôle doivent-elles jouer dans cette rencontre ?
« Evelyn, au milieu, est une joueuse créative. Elle doit utiliser ses passes et ses déplacements pour décaler le bloc marocain et ouvrir des brèches. Cela lui donnera des opportunités de frappe. Doris, elle, est rapide et habile en un contre un. En transition offensive, elle doit étirer la défense marocaine et exploiter les espaces derrière la ligne défensive. »
Le Ghana a dû batailler pour retrouver cette phase finale après une absence en 2022. Que représente cette demi-finale pour l’équipe ?
« C’est une étape majeure pour restaurer la fierté nationale. C’est aussi un symbole de résilience, de croissance et surtout un retour en force sur la scène continentale. Après avoir manqué la dernière édition, ce parcours va inspirer toute une génération de joueuses ghanéennes. »
Face à une foule hostile et une équipe locale, comment gérer la pression psychologique ?
« Je veux que les Black Queens utilisent cette ambiance comme une source de motivation. Il faut garder la concentration, rester unies, suivre le plan de jeu. Ils doivent faire abstraction de la pression du public et penser au soutien massif qui vient du Ghana. »
Le Maroc a évolué tactiquement depuis sa finale en 2022. Comment jugez-vous la préparation ghanéenne face à cette progression ?
« Le Ghana est plus affûté tactiquement qu’auparavant, avec un équilibre solide entre défense, milieu et attaque. Les Black Queens comptent des joueuses de haut niveau évoluant dans les meilleurs championnats européens. Elles sont suffisamment expérimentées pour s’adapter en cours de match, contrer la tactique marocaine et casser leur rythme efficacement. »
Quel message adresseriez-vous aux joueuses juste avant le coup d’envoi ?
« Les filles, c’est votre moment ! Donnez tout, croyez en vous et battez-vous avec fierté ! Oubliez le bruit autour, soyez motivées par vos familles, vos proches, tout le Ghana qui vous soutient. Laissez une trace, entrez dans l’histoire ! Allez les Queens, allez le Ghana ! YES ! »