Afrique: Market Days 2025 de l'AIF – Les ministres africains des Finances exhortent le secteur privé à combler les déficits du développement

Les ministres africains des Finances, réunis à l’occasion de l’Africa Investment Forum 2025 (AIF), ont insisté sur la nécessité de passer d’une approche axée sur la présentation du potentiel à une approche axée sur la réalisation de projets bancables. Ils ont souligné que le capital privé, et non l’aide, doit être le moteur de la transformation économique du continent.
Lors d’un dialogue ministériel sur l’accélération des investissements privés grâce à des environnements favorables, organisé à la suite de la séance plénière d’ouverture, les ministres de Côte d’Ivoire, d’Éthiopie, de Guinée, de Mauritanie, du Maroc et de Zambie, ont partagé leurs points de vue sur l’amélioration des cadres réglementaires, le renforcement de la confiance des investisseurs et le soutien à des écosystèmes d’affaires résilients, capables d’attirer une participation du secteur privé à long terme.
La ministre ivoirienne du Plan et du Développement économique, Nialé Kaba, a appelé les pays africains à renforcer les mécanismes de préparation et de suivi des projets afin d’attirer les investissements privés.
« Le problème de l’Afrique, c’est que les opportunités et les projets ne sont pas encore mûrs », a déclaré Mme Kaba, soulignant les réformes de la Côte d’Ivoire, notamment la simplification des codes d’investissement et la mise en place d’un guichet unique, qui ont permis de faire passer les investissements privés de 12 % du PIB en 2020 à 20 % aujourd’hui.
Le ministre zambien des Finances et de la Planification nationale, Situmbeko Musokotwane, a indiqué que le pays sortait progressivement de sa crise de la dette suite à une récente amélioration de sa notation. Ces trois dernières années, la Zambie a signé des accords de partenariat public-privé d’une valeur de près de 2 milliards de dollars et attiré plus de 7 milliards de dollars d’investissements miniers.
Selon M. Musokotwane, la Zambie mobilise des milliards d’investissements privés dans le secteur de l’énergie et abaisse les délais d’approbation des projets à moins de 45 jours afin de faire face à la crise. M. Musokotwane a notamment évoqué le corridor de Lobito, une liaison ferroviaire financée par le secteur privé qui devrait devenir la première ligne ferroviaire transcontinentale est-ouest d’Afrique. Cet axe vital reliera la Zambie et la République démocratique du Congo à la côte atlantique de l’Angola, redessinant ainsi le paysage commercial régional.
La ministre de l’Économie et des Finances du Maroc, Nadia Fettah, a souligné que les investisseurs recherchent des projets rentables et opérationnels, et non de simples promesses de potentiel.
« On nous demande des projets prêts, livrés rapidement et avec une forte capacité d’exécution », a déclaré Mme Fettah, plaidant pour que les projets des pipelines régionaux soient préparés tout au long de l’année. Mettant en avant des secteurs comme les chemins de fer, l’aviation et les centres de données, elle a souligné qu’en mettant en commun les ressources et en coordonnant leurs efforts, les pays africains peuvent surmonter les limites liées à la taille de leurs marchés individuels et réussir à mener à bien des initiatives d’infrastructure de grande envergure.
Le ministre mauritanien des Affaires économiques et du Développement, Abdullah Suleiman Sheikh Sidiya, s’est félicité du changement stratégique opéré par l’Afrique, qui s’éloigne de l’image de dépendance à l’aide des années 1990, déclarant : « L’Afrique devient une destination prisée, non seulement pour la coopération, mais aussi, et de plus en plus, pour l’investissement. »
Le ministre guinéen de la Planification et de la Coopération internationale, Ismaël Nabe, a déclaré que le pays se positionnait pour reproduire des projets de développement réussis dans toute l’Afrique en s’appuyant sur des partenariats internationaux.
Soulignant l’importance d’une préparation solide des projets pour atténuer les risques d’investissement, M. Nabe a présenté la cité administrative de Guinée, soutenue par UK-Export Finance, un modèle inspiré d’initiatives menées au Bénin voisin.
Il a décrit la plateforme de l’Africa Investment Forum comme une « boussole » pour le développement mené par le secteur privé et un catalyseur pour le cofinancement et l’innovation. « Ce qui fonctionne dans un pays, comme la Côte d’Ivoire par exemple, peut être adapté et mis à l’échelle en Guinée et au-delà », a-t-il déclaré, soulignant le potentiel de financement mixte avec des partenaires, tels que le Groupe de la Banque africaine de développement, les banques d’import-export et les fonds du Moyen-Orient.
Avec une population guinéenne en croissance rapide et majoritairement jeune, le ministre a déclaré que le pays entendait tirer parti de ces opportunités grâce au partage des réussites, à la cocréation et au renforcement de la collaboration internationale.
Le ministre éthiopien des Finances, Ahmed Shide, a parlé de réformes radicales visant à transformer l’économie, notamment la libéralisation du marché des changes, la modernisation des douanes et la création d’une bourse des valeurs mobilières. Pour financer des projets phares ambitieux, tels que l’aéroport international de Bishoftu, M. Shide a déclaré que l’Éthiopie était à l’avant-garde des outils de financement innovants, tels que la titrisation, le financement mixte et le rehaussement de crédit, positionnant ainsi le pays comme une puissance continentale dans le domaine de l’aviation.
Ce forum ministériel, qui a attiré de nombreux participants, fait ressortir un message commun : le modèle de développement de l’Afrique s’est résolument tourné vers le capital privé. Les ministres ont esquissé la voie à suivre, exigeant des gouvernements qu’ils mettent en place une série de projets prêts à être exécutés, soutenus par des réformes solides et une intégration régionale renforcée, afin de débloquer le vaste potentiel économique du continent.
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