Afrique: Les jumelles du sifflet – Aline et Alice, les jumelles du jeu

  • Jumelles dans la vie, arbitres sur le terrain : Aline Umutoni et Alice Umutesi représente l’arbitrage rwandais dans cette Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies 2024
  • L’une au centre, l’autre sur la ligne, elles forment un duo inédit et parfaitement synchronisé dans l’arbitrage africain.
  • Entre exigence mutuelle, élégance assumée et passion du jeu, elles bousculent les codes et ouvrent la voie aux futures générations.

Anciennes joueuses devenues arbitres, les soeurs rwandaises Umutoni et Umutesi forment un duo aussi rare qu’inspirant. À la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024, elles imposent leur style et leur voix dans un univers longtemps interdit aux femmes.

Au coeur du Maroc, dans l’atmosphère vibrante de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024, deux silhouettes familières émergent à chaque coup de sifflet. Aline Umutoni, arbitre centrale, et Alice Umutesi, arbitre assistante, incarnent bien plus que le savoir-faire technique : elles symbolisent un lien indéfectible, une audace tranquille, et l’éclosion d’une nouvelle ère pour l’arbitrage africain au féminin.

Dans les collines verdoyantes du Rwanda, les jumelles ont vu le jour avec, déjà, un goût prononcé pour le ballon rond. Footballeuses d’abord, elles ont troqué les crampons pour le sifflet, sans jamais quitter la pelouse. « Quand on était en Allemagne avec la sélection nationale, on jouait encore. Et puis, on a senti qu’on voulait aller plus loin dans le foot, autrement », se souvient Aline, le regard mi-rêveur.

Le passage de joueuses à arbitres n’a rien d’un simple glissement de rôle. Il s’agit plutôt d’une reconversion viscérale, nourrie par la volonté de continuer à faire vivre le jeu, de l’intérieur. Les deux femmes partagent tout, jusqu’à leur passion pour l’arbitrage – mais avec des nuances. Aline est la voix, le centre. Alice, la vigilance, le flanc.

« Elle est au centre, moi sur la ligne. Mais on avance avec le même coeur », glisse Alice. Une complicité qui les pousse à se compléter, pas à se concurrencer. Et ce n’est pas qu’une question d’organisation : leur ancien entraîneur, Mbake, leur a soufflé un jour que deux arbitres centrales dans une même fratrie, c’était presque de la concurrence. Alors Alice a fait le choix du couloir. Un renoncement apparent, mais un ajustement stratégique et fraternel. « Aline est plus autoritaire, plus décidée… et un peu moins timide que moi », concède-t-elle. Aline éclate de rire : « Je ne suis pas timide sur le terrain ! »

Leur synergie dépasse les gestes techniques. Elle est quotidienne, nourrie par un regard critique réciproque et sans concession. « On se critique, bien sûr. Mais c’est pour progresser », assume Alice. Aline complète : « On se dit la vérité. Et si la vérité fait bouger les choses, alors tant mieux. » Elles forment un miroir exigeant, une double exigence pour une seule ambition : l’excellence.

À chacune de leurs apparitions, elles portent les couleurs du Rwanda comme un blason. « Ce n’est pas un poids. C’est un honneur », affirme Aline. Jumelles dans la vie, elles sont aujourd’hui les seules jumelles arbitres officiant ensemble dans un grand tournoi continental. Une fierté nationale, mais aussi une déclaration d’intention pour les générations futures.

Leur plus grand frisson ? Ce match tendu entre le Botswana et le Nigeria. Aline y officiait au centre, Alice sur la ligne. « Il y avait de la pression, mais on a géré », dit Aline. La voix est calme, l’émotion maîtrisée, mais l’éclat dans les yeux trahit l’intensité du moment.

Avant de devenir les visages de l’arbitrage féminin rwandais, les soeurs avaient d’autres ambitions. Mais le football, toujours, les a ramenées à lui. « Il faut avoir un objectif. Le nôtre, c’était de rester dans le sport », explique Aline. Alice poursuit : « Alors on s’est formées, on a bossé, et aujourd’hui, nous sommes là. »

Hors du terrain, elles dévoilent une autre facette. Mode, élégance, féminité assumée. « J’aime les robes longues, fluides », confie Alice. Mais même là, la dualité s’exprime. « Parfois, je veux qu’on soit en robe, mais Aline insiste pour porter une veste », sourit-elle. L’une n’efface jamais l’autre, elles se répondent sans se fondre.

Leur présence côte à côte sur les matches n’est pas qu’un détail logistique. C’est une force. « On voyage ensemble, on arbitre ensemble. C’est un avantage », assure Alice. Et leur message est clair : l’arbitrage n’est pas réservé aux hommes. « On peut vivre de ça. Acheter une maison. Aider les orphelins. Tout faire. L’arbitrage, c’est la vie », dit-elle.

Avec calme et détermination, les soeurs Umutoni et Umutesi imposent une autorité sereine sur le rectangle vert. Elles incarnent cette ténacité propre aux femmes africaines, une capacité à se faire une place sans jamais hausser le ton, simplement en étant là, debout, compétentes et présentes.

Ce samedi 19 juillet, à 16h GMT, c’est elles que l’on retrouvera à l’oeuvre pour le quart de finale entre l’Algérie et le Ghana. Comme un fil rouge dans cette CAN féminine : deux soeurs, deux voix, une même passion.

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