Afrique: Le continent parie sur l'élevage pour sa sécurité alimentaire et sa croissance économique

C’est une première historique : treize ministres africains de l’Agriculture et de l’Élevage se sont réunis à Dakar pour un dialogue inédit dédié à l’élevage, en marge du Forum africain sur les systèmes alimentaires. Objectif : faire de l’élevage un levier central de sécurité alimentaire, de croissance économique et d’emploi sur le continent.

Coorganisée par l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), l’Union africaine-BIRA et la GIZ, cette rencontre marque un tournant. Alors que l’Afrique concentre 85 % des éleveurs du monde, elle ne produit que 2,6 % du lait mondial. Un paradoxe que les ministres veulent corriger de toute urgence, dans un contexte de dépendance croissante aux importations alimentaires estimées à 50 milliards de dollars par an.

« Nous devons combler notre déficit de production laitière. Le Sénégal ne produit que 400 millions de litres par an, quand le Kenya dépasse les 2 milliards », a déploré Dr. Mabouba Diagne, ministre sénégalais de l’Agriculture. Selon les projections, la demande en viande devrait tripler et celle de lait doubler d’ici 2050.


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Pour y répondre, les ministres misent sur des solutions déjà éprouvées en Afrique : amélioration génétique des troupeaux, création de banques fourragères, traçabilité numérique, intégration agriculture-élevage. En Somalie, 20 millions d’animaux ont été vaccinés, avec un fort impact sur l’autonomisation des femmes. En Tanzanie, 235 000 jeunes ont été formés à l’entrepreneuriat dans l’élevage, et 150 000 dirigent aujourd’hui leur propre entreprise.

« Il est temps de passer d’un élevage de subsistance à un véritable secteur économique, capable d’attirer les jeunes et de transformer les zones rurales », a affirmé Appolinaire Djikeng, directeur général de l’ILRI. L’élevage peut en effet représenter un triple gain : répondre à la demande alimentaire, améliorer les revenus de plus de 200 millions d’éleveurs, et le faire de manière durable.

L’un des principaux freins reste la faible productivité. En Ouganda, une vache produit jusqu’à 8 litres de lait par jour, contre 2 litres dans d’autres pays. Une différence liée à la génétique animale, que les ministres veulent combler par des programmes ciblés.

Autre priorité : renforcer la coopération régionale pour dépasser la fragmentation des marchés. « L’Afrique ne pourra atteindre la sécurité alimentaire durable sans placer l’élevage au coeur de son développement », a résumé Dr. Huyam Salih de l’UA-BIRA.

Les ministres se sont engagés à se réunir chaque année pour assurer un suivi des actions. Un engagement fort pour une transformation structurelle attendue depuis longtemps.

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