Afrique: La démocratie en recul dans le monde

Ce lundi 15 septembre marque la journée internationale de la démocratie et le constat est clair : les démocraties vont mal dans le monde, y compris aux Etats-Unis.
La démocratie est en effet en recul dans le monde, au point que le nombre de pays autocratiques dépasserait désormais celui des pays démocratiques. Le constat est de l’institut suédois de recherche V-Dem (Varieties of Democracy) du département de science politique de l’université de Göteborg.
Selon l’institut, en 2024, pour la première fois depuis plus de vingt ans, le monde comptait plus d’autocraties que de démocraties (91 contre 88). Pas moins de 72 % des habitantes et habitants du globe soit quelque 5,8 milliards de personnes vivaient dans des régimes autocratiques, contre 28 % dans une démocratie.
45 pays étaient en « voie d’autocratisation » notamment en Afrique, en Amérique latine, en Europe de l’Est, en Asie du Sud-Est et dans le sous-continent indien.
Suivez-nous sur WhatsApp | LinkedIn pour les derniers titres
Le nombre de pays connaissant, à l’inverse, une période de démocratisation a, quant à lui, été divisé par trois depuis le début des années 1990, passant de 71 en 1992 à 19 en 2024.
Parmi les cinq pays les plus peuplés du monde (l’Inde, la Chine, les États-Unis, l’Indonésie et le Pakistan) seuls les États-Unis étaient encore une démocratie en 2024. Une démocratie cependant menacée depuis le retour de Donald Trump à la Maison blanche, en janvier dernier.
Selon le professeur à Harvard et expert en démocratie, Steven Levitsky, il est clair que les méthodes de Donald Trump ressemblent à celles de figures autoritaires comme Viktor Orban en Hongrie, Recep Tayyip Erdogan en Turquie ou Narendra Modi en Inde.
Ces derniers ont réussi à vider de leur substance les institutions démocratiques comme les élections et les tribunaux, les réduisant à une simple façade.
L’Afrique et le retour des militaires au pouvoir
L’Afrique n’est pas en marge de ce recul. Sur le continent, les acquis démocratiques sont de plus en plus remis en cause.
Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les militaires qui ont pris le pouvoir, en 2020, 2022 et 2023, n’évoquent plus la perspective d’élections et les partis politiques sont interdits d’activités.
Au Togo, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en République du Congo, en Guinée équatoriale, en Ouganda, notamment, les présidents en exercice s’accrochent au pouvoir et les élections n’ont pour but que de leur donner une certaine légitimité.
Le Sénégal et le Ghana semblent faire figure d’exception, en maintenant des élections libres et une véritable alternance politique.
Dans de nombreux pays, tous les indicateurs sont au rouge, selon les experts : liberté d’expression, liberté d’association et sincérité du scrutin électoral.
Selon l’institut suédois de recherche V-Dem, une démocratie fonctionnelle exige plus que la tenue régulière d’élections. Celles-ci doivent être libres et équitables, et les citoyens et les médias doivent pouvoir s’exprimer librement. C’est selon ces critères que l’institut V-Dem évalue chaque année l’état de la démocratie dans le monde.