Afrique: À la COP30, le Groupe de la Banque africaine de développement appelle à une collaboration agissante et une coordination soutenue pour la mise en oeuvre efficace des CDN

Le Groupe de la Banque africaine de développement a plaidé, vendredi 14 novembre 2025 à Belém, au Brésil, à la 30e conférence des parties (COP 30) sur les changements climatiques, pour une collaboration renforcée et une coordination accrue pour l’assistance financière et technique aux pays en développement dans la mise en oeuvre de leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN).
« Le défi de l’Afrique n’est pas l’ambition, car les pays africains disposent des CDN parmi les plus ambitieuses, dont la majeure partie est conditionnée à l’appui extérieur. Ainsi, ce dont l’Afrique a besoin, c’est une collaboration de plus en plus renforcée et une coordination consolidée entre les différentes institutions en matière d’assistance financière et technique en appui aux CDN à l’échelle du continent », a déclaré Al Hamndou Dorsouma, chef de division Climat et Croissance verte au sein du Groupe de la Banque africaine de développement.
Il s’exprimait lors de la 5e table-ronde des partenaires sur la mise en oeuvre des CDN qui a réuni des institutions de financement de développement, des fonds climatiques mondiaux et le système des Nations unies autour d’une trajectoire commune sur le financement et la mise en oeuvre accélérée des CDN.
La rencontre a permis de faire le point des engagements en matière de financement et d’appui technique, d’explorer le rôle du secteur privé dans la mise en oeuvre des projets climatiques et de s’assurer que les financements atteignent les pays et les communautés les plus vulnérables.
Dans son mot introductif, le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell a déclaré que le coût de l’inaction pour le climat sera plus élevé que celui de l’action. « Le potentiel d’atténuation est important. Les pays développés doivent faire des efforts supplémentaires et les banques multilatérales de développement et le secteur privé doivent poursuivre leurs actions », a-t-il plaidé. Il a souligné que les gouvernements locaux ont fourni 17 % des solutions d’adaptation depuis l’adoption de l’Accord de Paris.
« La COP 30 à Belém ne vise pas à comptabiliser le nombre de CDN qui ont été soumis mais d’évaluer leur mise en oeuvre effective », a déclaré M. Stiell.
À ce niveau, les représentants des institutions participantes ont fait le point des actions concrètes réalisées et des défis qui restent à relever en matière de mobilisation des ressources, de coordination, de renforcement institutionnel et de l’atteinte des communautés vulnérables.
Pablo Vieira, directeur mondial de l’Unité de soutien au Partenariat des CDN (NDC-Partnership, en anglais), a souligné qu’environ 101 pays ayant soumis leurs CDN ont bénéficié du soutien du Partenariat. Quant à Jennifer Baumwoll, responsable des stratégies et politiques climatiques au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), elle a indiqué que le système des Nations unies s’assurait, que les ministères de l’Environnement et des Finances des pays, prennent en compte les CDN dans l’élaboration de leurs politiques budgétaires et intègrent aussi les besoins des communautés.
À l’échelle africaine, malgré les contraintes institutionnelles et financières, 47 pays africains ont mis à jour et soumis leurs CDN, et 23 pays ont été en mesure de soumettre des CDN plus ambitieuses, juste avant la tenue de la COP 30 à Belém.
M. Dorsouma a soutenu que le Groupe de la Banque africaine de développement accorde la priorité au soutien aux pays africains pour passer de la planification à l’investissement, en renforçant les capacités institutionnelles et les cadres nationaux d’investissement alignés sur les CDN, les Plans nationaux d’adaptation (PNA) et les Stratégies à long terme (SLT), en améliorant les pipelines nationaux et en mobilisant des instruments de financement mixte. Il a donné des exemples concrets de ce que fait la Banque dans le cadre de la Plateforme africaine sur les CDN (en anglais, Africa NDC). Dans ce cadre, l’Ouganda a reçu un appui technique pour le diagnostic de sa CDN en vue d’en formuler une nouvelle, le Mozambique a bénéficié d’un renforcement institutionnel pour le développement de son Plan climatique décennal, et le Burkina Faso pour son plan d’investissement dans le cadre de sa CDN, et l’Éthiopie dans la préparation de projets bancables émanant de la CDN et pour l’accès au financement à grande échelle. Très récemment, la Banque a aussi appuyé le Botswana, le Gabon, le Lesotho et le Liberia à se doter de « Visions à long terme » en matière de lutte contre le changement climatique à l’horizon 2050, et conformes à l’Accord de Paris.
« Sur le plan financier, le Groupe de la Banque a mobilisé en 2024, un total de 5,5 milliards de dollars américains de financement climatique, dont 56 % orientés vers l’adaptation. Environ 83 % du financement climatique de la Banque provenant de ses ressources propres, démontrant un solide engagement interne et un important potentiel d’effet de levier », a-t-il poursuivi. Il a cité différents instruments de financement innovants de l’institution comme le Guichet d’action climatique qui a mobilisé 451 millions de dollars de financement concessionnel dont 73 % des ressources sont allouées à l’adaptation, et qui a permis de mobiliser 1,39 milliard de dollars de cofinancement pour 39 projets dans 31 pays.
Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP) mis en oeuvre en collaboration avec le Centre mondial pour l’adaptation a mobilisé 19 milliards de dollars sur 25 milliards de dollars attendus d’ici fin e2025 pour accélérer l’action en matière d’adaptation qui demeure la priorité de l’Afrique en matière de changement climatique. Au total, 11,9 milliards de dollars ont déjà été déployés et 60 millions de personnes ont été touchées.
M. Dorsouma est revenu sur le capital privé qui reste sous-utilisé pour l’adaptation, malgré la nécessité évidente de l’accroissement de son rôle.



