Le Groupe de la Banque africaine de développement et ses partenaires institutionnels ont plaidé avec force en faveur de l’accélération de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) lors du lancement de la 11e édition du rapport sur l’« Évaluation de l’intégration régionale en Afrique » (Assessing Regional Integration in Africa, ARIA XI).
La Zone de libre-échange continentale africaine, ratifiée par 54 pays africains et déjà opérationnelle dans ses phases initiales, représente une étape cruciale vers la création d’un marché africain unifié.
Le rapport, publié le 12 juillet 2025 à Malabo, en Guinée équatoriale sur le thème : « Réaliser la Communauté économique africaine : vers une Union douanière continentale africaine et un Marché commun continental africain » souligne l’importance de l’intégration de l’Afrique, la présentant comme une nécessité urgente et une voie de développement que le continent ne peut se permettre de retarder.
La directrice de la coordination de l’intégration régionale du Groupe de la Banque africaine de développement, Joy Kategekwa, a souligné que l’intégration est la seule voie viable vers une industrialisation significative et une autonomisation économique généralisée sur le continent.
« L’intégration de l’Afrique est une voie de développement incontournable et, dans cette optique, nous sommes tous appelés à réfléchir : pouvons-nous nous permettre le prix d’un échec ? » a-t-elle demandé dans son allocution faite au nom de la Banque.
« La ZLECAf, en tant que zone de libre-échange, ne nous donne pas de réponse juridique à la question de savoir comment traiter avec les pays tiers — ceux qui ne sont pas parties à l’accord », a-t-elle déclaré, ajoutant que seule une union douanière peut fournir le mécanisme d’un tarif extérieur commun et d’une politique commerciale coordonnée pour protéger le marché intérieur africain.
Outre les routes et les chemins de fer, la Banque africaine de développement investit dans les TIC, l’énergie, l’eau et le financement du commerce afin de renforcer les liens entre les économies africaines et stimuler le commerce intra-africain.
« Mais il ne s’agit pas seulement de construire des infrastructures : il s’agit aussi d’encourager la production », a insisté Mme Kategekwa soulignant dans sa conclusion que « le but ultime est de mettre davantage d’argent entre les mains des populations en les associant pleinement au processus d’intégration ».
La Commission de l’Union africaine a qualifié la ZLECAf d’« étape majeure » dans le cheminement de l’Afrique vers l’unité économique, comme envisagé dans le Traité d’Abuja de 1991.
« Pour véritablement libérer le potentiel de notre continent en matière de croissance inclusive et de développement durable, nous devons maintenant accélérer nos efforts en vue d’une Union douanière continentale africaine et d’un Marché commun », a déclaré Moses Vilakati, commissaire à l’Agriculture de l’UA.
Il a appelé à la suppression des barrières existantes et à l’harmonisation des politiques nationales et régionales afin de créer une économie africaine plus forte et plus résiliente, capable de rivaliser sur la scène mondiale.
Au nom de Claver Gatete, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), Aboubakri Diaw a salué le rapport comme étant bien plus qu’un simple document de recherche.
« ARIA XI n’est pas un simple rapport de plus sur l’intégration de l’Afrique, c’est un outil politique pratique, intellectuellement fondé et tourné vers l’avenir pour approfondir l’intégration du continent et renforcer sa compétitivité dans un paysage géopolitique mondial de plus en plus complexe », a déclaré M. Diaw.
Il a exhorté les institutions et dirigeants africains à s’engager pleinement dans la mise en oeuvre de la ZLECAf et à oeuvrer résolument à l’établissement d’une union douanière et d’un marché commun.
L’intégration comme stratégie de survie et de prospérité
ARIA XI, fruit d’une collaboration entre la Banque africaine de développement, la Commission de l’Union africaine et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, offre cette feuille de route ; ses recommandations, si elles sont mises en oeuvre, pourraient fondamentalement remodeler le paysage économique de l’Afrique pour les générations à venir.
L’un des temps forts de l’événement a été une table ronde sur le thème « Le rôle des communautés économiques régionales (CER) dans l’approfondissement de l’intégration de l’Afrique : le cheminement vers la Communauté économique africaine ».
Les intervenants comprenaient Omar Alieu Touray, président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Gilberto Da Piedade Verissimo, président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et El Hadji Abou, secrétaire exécutif de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD).
Mme Kategekwa a résumé l’esprit du rapport et les discussions qui l’ont entouré :
« Nous ne nous contentons pas d’oser rêver en parlant de la manière dont nous mettons en oeuvre la Communauté économique africaine, a-t-elle déclaré. Nous parlons des spécificités de notre démarche. »
Télécharger le rapport complet de l’ARIA XI : https://www.aria-report.org/