- Jermaine Seoposenwe tire sa révérence après 112 capes avec l’Afrique du Sud
- Première Sud-Africaine à marquer en Coupe du Monde U-17, elle a fait ses adieux face au Ghana lors de la petite finale de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024
- Une dernière danse en sélection, entre larmes discrètes et profonde reconnaissance
Vendredi soir, au terme d’un match pour la troisième place perdu face au Ghana (1-1, 3-4 t.a.b.), Jermaine Seoposenwe a disputé ses dernières minutes avec le maillot de Banyana Banyana. La numéro 12 a tiré sa révérence, sans fracas, mais avec dignité. Et une émotion contenue que seuls les grands départs savent faire naître.
« C’est un soulagement, un apaisement. Je ne sais pas si ce sont les bons mots, mais c’est ce que je ressens », confiait-elle, quelques instants après la rencontre, dans un calme assumé. Le choix était fait avant le tournoi. L’héritage, lui, s’est affirmé au fil des matches.
Une pionnière dans l’histoire
Née au Cap, formée à l’Université de Western Cape, Jermaine Seoposenwe a tout connu avec l’équipe nationale. Elle n’a que 16 ans lorsqu’elle inscrit en 2010 le tout premier but sud-africain dans une Coupe du Monde Féminine (U17, à Trinité-et-Tobago). Depuis, elle n’a cessé d’écrire les chapitres d’une carrière qui force le respect.
Buteuse décisive pour qualifier l’Afrique du Sud aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, elle a disputé deux Coupes du Monde (2019 & 2023), deux Jeux Olympiques (2016 & 2020) et quatre éditions de la CAN (2016, 2018, 2022 & 2024), avec, en point d’orgue, ce sacre continental historique en 2022 au Maroc. Une compétition où elle avait brillé, notamment en marquant face au Nigeria (2-1) et en offrant la qualification pour les demi-finales contre la Tunisie (1-0).
Le respect des pairs
Pour Amanda Dlamini, ancienne internationale et membre du « Centenary Club » (100 sélections et plus), Seoposenwe est « une combattante, une figure de proue, une leader née ».
« Je me souviens d’elle toute jeune, brute de talent et débordante d’ambition. Elle s’est forgée dans les épreuves. Ce qu’elle a réussi est exceptionnel, elle a maintenu un niveau constant dans la durée. Elle va manquer pour sa confiance balle au pied, son calme devant le but, sa capacité à faire reculer les défenses », expliquait-elle à CAFOnline.
Des propos partagés par la sélectionneuse Desiree Ellis, qui connaît Jermaine depuis ses 15 ans : « Elle a marqué notre premier but en Coupe du Monde, elle a disputé sa première CAN à domicile en 2010. Puis les JO 2012, la CAN 2012, où elle obtient l’argent après avoir battu le Nigeria en demie… Elle a tout donné pour faire avancer cette équipe. »
« On ne peut pas la remercier assez, poursuivait Ellis. En 2022, quand Thembi [Kgatlana] s’est blessée, Jermaine a pris ses responsabilités, après avoir été absente longtemps pour des problèmes de visa. C’est aussi ça, Jermaine : une joueuse capable de répondre présente dans les moments clés. »
Refiloe Jane, capitaine des Banyana et amie de longue date, a salué une carrière modèle : « Jermaine laisse une trace immense. Elle a toujours été présente, sur et en dehors du terrain. On aurait voulu lui offrir une sortie victorieuse, mais j’espère qu’elle est fière de notre parcours. »
Une nouvelle vie à écrire
À 31 ans, Seoposenwe ne raccroche pas les crampons pour autant. Elle continuera sa carrière en club, du côté de CF Monterrey, au Mexique. Après avoir évolué en Lituanie, en Espagne, au Portugal et bien sûr en Afrique du Sud, l’attaquante poursuit son aventure sur un troisième continent.
Elle est aussi diplômée en marketing de l’université de Samford, en Alabama. De quoi envisager l’avenir avec sérénité. Mais Amanda Dlamini, aujourd’hui consultante télé, ne cache pas les défis à venir : « En dehors du monde du foot, rien ne vous est servi. Il faut apprendre à se réinventer, à bâtir un réseau de soutien. C’est une autre forme de combat, mais je suis certaine qu’elle y arrivera. »
À défaut d’un dernier trophée, Seoposenwe repart avec bien plus : l’estime d’un continent et l’aura de celles qui ont tracé la voie.