Afrique: FMI/Perspectives de l'économie mondiale – Croissance en demi-teinte, espoir en filigrane

Le Fonds monétaire international (FMI) a revu, mardi, légèrement à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale, par rapport à l’année dernière, pointant des changements profonds et complexes au niveau global et suggérant des pistes de résilience.
Lors d’un point de presse, tenu mardi à Washington, à l’occasion des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale (13-18 octobre courant), Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, a indiqué que « La croissance mondiale devrait ralentir à 3,2 % cette année et à 3,1 % l’an prochain, défiant les craintes d’un ralentissement plus marqué après la hausse des droits de douane américains ».
Par rapport aux prévisions d’il y a un an, cette baisse ne représente que 0,2 %. Le rapport sur les perspectives de l’économie mondiale explique que l’impact des mesures douanières entrées en vigueur en avril dernier était moins fort que prévu, grâce aux négociations commerciales et aux exonérations que certains pays ont pu obtenir avec les Etats-Unis.
« Les États-Unis ont négocié des accords commerciaux avec divers pays et accordé de multiples exemptions. La plupart des pays se sont abstenus de toute rétorsion, préservant ainsi l’ouverture du système commercial. Le secteur privé a également fait preuve d’agilité, en concentrant les importations en amont et en réorientant rapidement les chaînes d’approvisionnement », peut-on lire dans le rapport.
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Des secteurs plus touchés que d’autres
Sur ce point, l’économiste en chef du FMI se montre prudent. « Cette résilience masque des fragilités plus profondes dans les domaines du commerce, de l’IA et de la politique budgétaire », a-t-il déclaré.
En outre, il serait, selon le FMI, prématuré de tirer des conclusions définitives, car la situation ne s’est pas encore stabilisée, que ce soit au niveau politique, commercial, climatique ou de l’IA.
« L’expérience passée suggère qu’il faudra peut-être beaucoup de temps avant que la situation ne se précise complètement », note le rapport sur les perspectives de l’économie mondiale.
En outre, d’autres facteurs interviennent pour amortir le choc lié aux tarifs douaniers. L’on cite l’apport de l’intelligence artificielle, la dépréciation conjoncturelle du dollar et les effets des politiques migratoires sur le chômage et les budgets, etc.
« La Chine résiste à la hausse des droits de douane grâce à un taux de change réel plus faible, à la réorientation de ses exportations vers l’Asie et l’Europe, et à un soutien budgétaire.
L’expansion budgétaire de l’Allemagne stimule la croissance de la zone euro. Les économies émergentes et en développement ont bénéficié de conditions financières mondiales plus favorables, notamment grâce à la dépréciation du dollar américain, et continuent de faire preuve d’une forte résilience », explique la même source.
Des pistes de résilience
La situation étant telle, le Fonds monétaire international propose quelques pistes pour améliorer les perspectives de l’économie mondiale.
« Premièrement, la résolution de l’incertitude politique donnerait un coup de fouet significatif à l’économie mondiale. Des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux plus clairs et plus stables pourraient accroître la production mondiale de 0,4 % à très court terme », indique le document annuel sur l’économie mondiale.
Aussi, « un retour aux faibles droits de douane qui prévalaient avant janvier 2025, sur la base de ces accords, apporterait un potentiel de hausse encore plus important, d’environ 0,3 % », soit en tout quelque 0,7 % point de croissance potentiellement gagnable.
Par ailleurs, « au-delà de ses effets sur l’investissement, l’IA pourrait accroître la productivité totale des facteurs.
Sous des hypothèses modestes, les effets combinés de la réduction de l’incertitude, de la baisse des droits de douane et de l’IA pourraient accroître la production mondiale d’environ 1 % à court terme », projette le FMI, optimiste.
Au niveau national, les pays pourraient adopter des politiques budgétaires orientées vers la réduction des vulnérabilités. « Cela devrait être fait progressivement et de manière crédible, mais les gouvernements ne doivent pas tarder davantage ».
« Pour assurer la croissance, les pays doivent se concentrer sur ce qui fonctionne : des règles commerciales claires, une discipline budgétaire, des cadres politiques solides et des investissements dans la productivité.
L’alternative est une activité économique plus lente et plus volatile », conclut Pierre-Olivier Gourinchas.


