Afrique: FAD-17 – En Zambie, la Banque africaine de développement appelle à des partenariats d'investissement audacieux pour combler le déficit de financement critique de l'Afrique

Face au déficit critique de financement auquel l’Afrique est confrontée, le Groupe de la Banque africaine de développement et le gouvernement de la Zambie ont appelé, mercredi, les partenaires du développement à repenser leur financement comme un investissement stratégique plutôt que de l’envisager comme une aide.
Cet appel urgent a été lancé lors de la réunion organisée à Lusaka, en Zambie, dans le cadre de la 17e reconstitution des ressources (FAD-17) du Fonds africain de développement.
« Cette reconstitution des ressources n’a rien à voir avec une aide. Il s’agit plutôt d’investissements dont les rendements sont mesurables », a souligné M. Sidi Ould Tah, président du Groupe de la Banque africaine de développement. Il a présenté un cadre ambitieux dans lequel chaque dollar versé par un donateur devrait permettre de débloquer 2,50 dollars de capitaux supplémentaires, en mobilisant des capitaux privés et des cofinancements. Cet investissement, a-t-il affirmé, renforcera la résilience et la prospérité dans toute l’Afrique.
Le Fonds africain de développement est le guichet de financement concessionnel du Groupe de la Banque. Il accorde des dons et des prêts à faible taux d’intérêt à 37 pays éligibles, constituant ainsi une bouée de sauvetage vitale pour ces nations, dont 21 présentent un risque élevé de surendettement ou sont déjà en situation de surendettement. Le ministre zambien des Finances par intérim, Charles Lubasi Milupi, a salué l’héritage de cinq décennies du Fonds africain de développement comme étant « une lueur d’espoir et de solidarité ».
Soulignant les résultats tangibles observés dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et des infrastructures en Zambie, M. Milupi a fait remarquer que « derrière chaque chiffre, chaque projet et chaque politique se trouvent des personnes et des communautés, dont la vie est améliorée grâce à notre engagement commun en faveur du développement durable. »
Cette réunion de trois jours réunit les gouvernements des pays bénéficiaires du Fonds africain de développement, les dirigeants du Groupe de la Banque et les partenaires du développement pour définir les priorités, le cadre de financement et les stratégies de mise en oeuvre du Fonds pour le cycle 2026-2028.
Dans son premier discours aux plénipotentiaires depuis sa prise de fonction le 1er septembre dernier, M. Ould Tah a exposé ses « quatre points cardinaux » pour l’orientation stratégique du Groupe de la Banque. Il a également exposé l’âpre réalité à laquelle l’Afrique est confrontée : 1 300 milliards de dollars sont nécessaires pour atteindre les Objectifs de développement durable, avec un déficit de financement extérieur d’environ 650 milliards de dollars par an.
Le président Ould Tah a insisté sur le fait que l’urgence était à la fois démographique et financière, et que d’ici à 2030, la moitié des personnes qui rejoindraient la population active mondiale seraient africaines, soit environ 15 millions de personnes chaque année.
« Ensemble, nous pouvons mettre en place un FAD-17 robuste et tourné vers l’avenir, qui optimise chacune de nos capacités, renforce la résilience et la prospérité en Afrique, et qui génère des rendements clairs et mesurables pour chaque contributeur », a-t-il soutenu.
En outre, le président du Groupe de la Banque a lancé un appel à la ratification, avant le 31 décembre prochain, d’une modification de la charte du Fonds africain de développement afin de permettre d’atteindre un seuil d’emprunt sur les marchés de 85 %. Actuellement, la charte ne permet pas au Fonds d’emprunter ou de prêter auprès de sources non concessionnelles. « Sans cela, notre capacité à servir sera fondamentalement limitée », a-t-il appuyé.
M. Ould Tah a indiqué que le Groupe de la Banque organiserait en décembre un dialogue stratégique avec les agences de crédit à l’exportation et les institutions de financement du développement afin d’établir de nouveaux partenariats pour mobiliser des investissements du secteur privé dans les pays éligibles au Fonds.
La Banque africaine de développement intègre également des instruments financiers — garanties, financements mixtes, prêts en monnaie locale et préparation de projets — dans une offre unifiée conçue pour réduire les risques liés aux marchés fragiles pour le secteur privé et créer des opportunités d’investissement concrètes.
Les négociations sur la 17e reconstitution des ressources du Fonds doivent se poursuivre jusqu’au 9 octobre, et une session annonçant les contributions est prévue en décembre prochain à Londres.
Pour l’avenir, M. Milupi a exhorté la communauté internationale à tirer parti de mécanismes de financement complémentaires pour amplifier l’impact du Fonds africain de développement.
« Nous exhortons collectivement à tirer parti d’autres guichets de financement, en particulier ceux qui relèvent de l’espace de financement climatique, pour compléter les ressources du Fonds africain de développement », a appelé le ministre.



