Afrique du Sud: les habitants de Johannesburg privés d’eau à cause des infrastructures vieillissantes

En Afrique du Sud, des centaines d’habitants de Johannesburg ont manifesté samedi dernier 1er novembre devant le siège du conseil municipal pour exiger une action urgente face aux coupures d’eau, de plus en plus fréquentes. Infrastructures vieillissantes, mauvaise gestion de la cité, manque de fonds : la situation s’aggrave dans la première ville industrielle sud-africaine, alors que des milliers de kilomètres de canalisation ont besoin d’être remplacés.
Dans sa maison, Melissa Davids est occupée à enchaîner les lessives. L’eau coule aujourd’hui du robinet, cela peut sembler anodin, mais ça ne l’est plus pour les habitants de ce quartier de Johannesburg, plus grande ville d’Afrique du Sud. « On ne peut jamais savoir quand et pour combien de temps l’eau va être coupée, témoigne-t-elle. Donc, à chaque fois, on remplit toutes ces bouteilles, on s’assure d’être prêt pour le lendemain. »
La moitié des réservoirs fuient
Melissa et ses voisins, excédés, ont décidé de prendre la rue en septembre. Une pression qui a poussé la ville à entamer des réparations temporaires. À quelques rues de là, des ouvriers installent une nouvelle canalisation pour soulager le quartier. « Le problème ici, c’est que la zone est approvisionnée par le réservoir Hursthill 1, explique Sandile Mpofana, contremaître. Donc là, on est en train d’établir une connexion avec un autre réservoir, Crosby, qui est beaucoup plus stable. »
La moitié des réservoirs de la ville fuient et ont besoin d’être rénovés. Idem pour des milliers de kilomètres de canalisations vétustes. Environ un tiers de l’eau se perd ainsi dans des fuites, auxquelles s’ajoutent les connexions illégales. Provoquant ces coupures de plus en plus longues et fréquentes dans de nombreux quartiers de la métropole.
« C’est principalement dû aux infrastructures vieillissantes », explique Nombuso Shabalala, porte-parole de Johannesburg Water, l’entité municipale dédiée.« Et aussi en grande partie au sous-investissement dans les infrastructures au fil des ans. Ces quartiers sont très anciens et ont besoin qu’elles soient renouvelées. Mais nous sommes confrontés à des problèmes de financement pour la plupart des quartiers de la ville. »
Vers un cloisonnement des financements dédiés à l’eau ?
L’année dernière, le budget alloué par la ville n’a permis de remplacer que 17 km de canalisations, sur plus de 12 000. Les retards de maintenance s’accumulent désormais, équivalent à plus de 1,3 milliard d’euros. « Ce réservoir devait être terminé en avril, souligne Ferrial Adam, activiste pour l’accès à l’eau, devant un réservoir en construction. Mais comme les sous-traitants n’ont pas été payés, ils ont dû interrompre le chantier et il a été retardé. Le problème est que la ville de Johannesburg déplace les financements comme si elle jouait aux échecs. C’est un arrangement qui permet à la ville de déplacer le budget alloué entre les différentes entités : eau, routes ou électricité… »
L’équivalent de 200 millions d’euros auraient ainsi été ôtés du budget de Johannesburg Water. Le Parlement s’est saisi de la question et a appelé au cloisonnement du financement dédié à cette entité.
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