Afrique du Sud: l'apartheid responsable de la mort du prix Nobel, Albert Luthuli, en 1967, selon un tribunal

En Afrique du Sud, la justice réécrit l’Histoire. Un tribunal a réfuté, ce jeudi 30 octobre, l’explication officielle de la mort du prix Nobel de la paix, Albert Luthuli. Il ne serait pas décédé percuté par un train, en 1967, comme l’affirmaient les autorités de l’époque, mais d’une agression de la part des forces de l’ordre du régime de l’apartheid. Bien qu’il soit peu probable que des suspects soient désormais poursuivis, étant décédés ou introuvables, cette décision est importante, pour l’ensemble du pays.

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Avec notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès

La juge de la cour de Pietermaritzburg, à l’est de l’Afrique du Sud, a tranché : Albert Luthuli a été tué par des membres de la branche spéciale de la police de l’apartheid, ainsi que n’a jamais cessé de l’affirmer ses proches. Un meurtre qui a ensuite été camouflé, avec la complicité des employés de la compagnie ferroviaire sud-africaine, pour faire croire à un accident.

La magistrate du tribunal a ainsi écarté les conclusions de l’enquête de 1967 et a cité les noms de sept hommes, dont le tribunal n’a pas retrouvé la trace, comme ayant perpétré le meurtre ou ayant agi comme complices. Parmi eux figurent un conducteur de locomotive, un pompier, un chef de gare et deux membres de la police ferroviaire. Cette décision vient donc invalider les résultats de l’enquête menée en 1967, et rétablir la vérité, 58 ans après les faits, pour la plus grande satisfaction de la famille de l’ancien dirigeant de l’ANC, parti de libération sud-africain. 

Albert Luthuli a dirigé l’ANC de 1952 jusqu’à sa mort, une période au cours de laquelle le régime d’apartheid a interdit le mouvement en 1960. Lors de la cérémonie d’acceptation de son prix Nobel en 1961 à Oslo, Luthuli avait prononcé un fervent plaidoyer pour la non-violence.

« Corriger une distorsion ancienne de l’Histoire »

Son parti s’est également réjoui des conclusions de la cour de Pietermaritzburg, dans un communiqué du résultat de cette enquête qui vient « corriger une distorsion ancienne de l’Histoire », et qui représente une « victoire morale non seulement pour sa famille, mais aussi pour tous les martyrs de notre lutte dont les vies ont été prises par le régime cruel de l’apartheid. »

L’enquête sur les causes de sa mort avait été rouverte en avril 2025, dans un contexte de réexamen des disparitions et violences politiques commises durant l’apartheid qui a pris fin au début des années 1990. Le réexamen du cas de cette mort suspecte est l’un des derniers exemples en date de la volonté du parquet sud-africain de rouvrir d’anciens dossiers de crimes du régime ségrégationniste restés impunis, sous la pression des proches de victimes.

À écouter aussi30 ans plus tard, l’ombre des crimes de l’apartheid continue de planer sur l’Afrique du Sud

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