Afrique du Sud: la commission d'enquête sur le manque de justice sur les crimes de l'apartheid entame ses travaux

Mise en place au mois de mai dernier, la Commission Khampepe – du nom de la juge constitutionnelle à la retraite qui la préside – doit tenir sa première audience publique ce lundi 10 novembre. Sa mission ? Comprendre pourquoi aussi peu de crimes politiques commis durant la période de ségrégation ont été jugés ces 20 dernières années.
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Avec notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès
C’est une commission très attendue qui doit tenir sa première audience publique, ce lundi 10 novembre, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Chargée d’enquêter sur l’absence de justice pour de très nombreux crimes politiques commis durant l’apartheid, elle a été mise en place au mois de mai dernier par le président Cyril Ramaphosa sous la pression de proches des victimes.
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Baptisée Commission Khampepe – du nom de la juge constitutionnelle à la retraite qui la préside – celle-ci va notamment recueillir les témoignages de familles qui attendent depuis des décennies que la justice sud-africaine rouvre leurs dossiers, mais aussi d’ex fonctionnaires du parquet et de membres de la Commission vérité et réconciliation.
Présidée par Monseigneur Desmond Tutu, cette dernière s’était penchée, dans la seconde partie des années 1990, sur les violations des droits humains commises sous le régime ségrégationniste et avait recommandé, dans ses conclusions transmises au gouvernement sud-africain en 1998, des poursuites judiciaires dans quelque 300 affaires. Mais depuis, seule une poignée d’entre elles ont été jugées…
Une mission qui s’annonce délicate
Aujourd’hui toutefois, la mission de la Commission Khampepe n’est pas d’examiner, à proprement parler, les cas laissés de côté : elle est plutôt de chercher à comprendre l’inaction de la justice durant ces deux dernières décennies et de savoir pourquoi si peu de procès ont eu lieu.
Mais alors que les gouvernements de l’ANC qui se sont succédé au pouvoir depuis le début des années 2000 sont soupçonnés d’avoir bloqué les poursuites, l’exercice s’annonce délicat : la juge Khampepe et son équipe vont en effet devoir établir si ce blocage est le fruit d’une simple négligence, ou bien le résultat d’une véritable volonté d’obstruction politique afin que certains secrets de l’époque ne soient jamais déterrés…



