Afrique de l'Ouest: Les partis politiques peinent à exister au sein de l'AES
Les régimes militaires au Burkina, au Niger et au Mali ont dissous les partis politiques. Mais au Mali, les partis politiques ont saisi la justice.
Mali, Burkina Faso, Niger : trois pays dirigés par des militaires qui ont renversé des pouvoirs démocratiquement élus.
Et depuis les coups d’État qui les ont propulsés au-devant de la scène, ces régimes militaires, en dépit de leurs promesses, semblent résolus à rester au pouvoir, en muselant les voix discordantes.
L’espace démocratique s’est beaucoup rétréci ces dernières années et il n’est plus question d’élections.
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Au Burkina Faso, les activités politiques sont interdites depuis le coup d’État de 2022 qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré.
Le 26 mars dernier, les autorités nigériennes ont annoncé officiellement la dissolution de tous les partis politiques, qui étaient suspendus depuis le coup d’État de juillet 2023.
Le 13 mai 2025, ce sont les militaires maliens qui, par décret, ont annoncé la dissolution des partis politiques.
Garder le pouvoir le plus longtemps possible
Pour plusieurs hommes politiques que la DW a pu joindre dans ces différents pays, mais qui ont préféré garder l’anonymat, les dissolutions des partis politiques visent à permettre aux militaires de consolider leur pouvoir et de le garder le plus longtemps possible.
C’est aussi l’analyse du juriste Ousseyne Ben Bamba, spécialiste des questions internationales.
« Nous sommes dans une situation de guerre, une situation spéciale. C’est difficile lorsqu’un pays est dirigé par des militaires. Ce sont les lois militaires qui fonctionnent. Toutes les prises de parole sont contrôlées. Il faut qu’on aille aux élections et quand on aura un président civil élu, les partis politiques pourront mener leurs activités. »
Pour le sociologue malien, Etienne Fakaba Sissoko, qui a passé des mois en prison à Bamako et qui vit désormais en exil, le Mali vit une des périodes les plus difficiles de son histoire en matière de libertés.
« C’est la suite logique d’un régime qui a toujours préféré l’opacité au dialogue, la force à la légitimité. On réduit le peuple au silence, alors que le pays traverse une des crises les plus graves de son existence. Interdire toute opposition légale prépare à des formes de contestation illégale, violente et même très violente. C’est l’avenir de la citoyenneté qui est en jeu. On veut transformer le Mali en une caserne où l’obéissance remplace la liberté. »
« Pas besoin de démocratie »
Le 1er avril dernier, le capitaine Ibrahim Traoré, dans un discours à la nation, avait affirmé que son pays vivait une « révolution populaire et progressiste », et que jamais, selon lui, un pays ne s’était développé grâce à la démocratie.
Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les militaires ont même exclu d’organiser des élections, tant que la sécurité ne sera pas restaurée sur l’ensemble du territoire national. Ils ont aussi décidé de s’accorder, sans élection, un mandat renouvelable de cinq ans.
Saisie par les partis politique, la justice a rendu ce 1er octobre, son verdict sur la dissolution des partis politiques. Il s’agissait de se prononcer sur la légalité du décret ayant entraîné la dissolution de tous les partis politiques et mouvements à caractère politique.
Le tribunal de grande instance de la Commune VI de Bamako a rejeté la requête qu’elle a jugé « mal fondée », estimant qu’il n’est pas nécessaire de statuer sur ce point. Les avocats des partis politiques envisagent de faire appel de cette décision.


