Afrique de l'Ouest: La CEDEAO en mode non-ingérence ?

L’organisation sous-régionale, qui semblait fêter avec des fastes non feints son 50ème anniversaire, semble être rattrapée par ses urgences de l’heure. C’est le Ghana qui a ouvert le bal, avec, il faut le dire, un seul chef d’État, celui du Libéria, qui a répondu à l’appel, suivi du Nigéria qui n’a guère fait mieux, avec la présence du président ghanéen John Dramani Mahama et de Joseph Boakai du Libéria.  

Pour un programme destiné à être déroulé jusqu’en décembre, tout semble être à l’arrêt. L’heure n’est pas aux festivités. La CEDEAO est à un tournant décisif, et c’est un truisme de le dire, car non seulement tout autour, les choses bougent dangereusement, avec la question sécuritaire aggravée par le départ des pays de l’AES, dont les frontières échappent à tout contrôle, sans compter ce qui se passe en interne en Guinée avec la junte en place, et en Côte d’Ivoire où les risques d’une crise politique sont devenus si évidents que les observateurs s’inquiètent de la timide réaction de la CEDEAO.

Hormis l’envoi d’une mission il y a à peu près 2 mois, pour laquelle rien n’a filtré, il y a tout lieu de croire que la CEDEAO a finalement changé de doctrine pour opter pour la non-ingérence, voire la neutralité.

Est-ce par réalisme, ou parce qu’elle semble avoir tiré les leçons de sa jurisprudence dans les cas de l’AES, ou celle de Yahya Jammeh en Gambie, voire même de la Guinée-Bissau où sa délégation a été sommée manu militari de quitter le pays alors qu’elle s’y trouvait pour une mission de conciliation entre le Président en exercice et son opposition réunie ?

Aujourd’hui la CEDEAO a, semble-il, tourné le dos au processus électoral en Guinée, dont on ne sait même pas quand est-ce que les élections auront lieu. Alors que pour les mêmes raisons les pays de l’AES, on se souvient, avaient fait l’objet de sanctions qui avaient été levées par la suite. Qu’est-ce qui a changé ?

Aujourd’hui encore le cas de la Côte d’Ivoire continue de préoccuper les Africains de l’Ouest, principalement pour la raison évidente qu’elle constitue l’un des poids lourds économiques de la CEDEAO, et la locomotive de l’UEMOA par ailleurs. Et pourtant, en dehors de la « pige » qu’une mission dite « préélectorale » a effectuée à Abidjan au mois de juillet dernier, ponctuée par des audiences avec le Président Ouattara, le staff de Laurent GBAGBO, et le président de la CEI, Kuibiert Coulibaly, et auparavant au mois de juin avec le Président de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HACA), plus rien. C’est le silence radio.

Mais la CEDEAO dispose-t-elle des moyens politiques idoines, affaiblie qu’elle est aujourd’hui par son cadre juridique qui aurait dû être réformé depuis longtemps pour s’adapter aux nouveaux enjeux de l’heure ? En tout cas, avec le défi sécuritaire qui a tendance à s’exacerber, et qui appelle des réponses coordonnées, il y a peu de place pour des foyers de tension politiques internes, surtout lorsqu’il s’agit d’échéances électorales majeures.

Anticiper pendant qu’il est temps, aller à l’écoute, au dialogue, surtout lorsque les consensus sont possibles, doit être le leitmotiv de la CEDEAO ici et maintenant, et aucun effort ne sera de trop.

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