Afrique de l'Ouest: Coudre l'espoir – Autonomiser les femmes déplacées au Sahel

LES POINTS MARQUANTS
- Le Projet communautaire de relèvement et de stabilisation du Sahel (PCRSS) vise à renforcer la résilience des communautés locales et des groupes vulnérables dans les régions exposées de Liptako-Gourma.
- Mis en oeuvre par les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger, avec le concours de partenaires internationaux dont la Banque mondiale, le projet s’inscrit dans une démarche collective pour répondre aux crises qui secouent la région.
- Au Burkina Faso, le projet contribue à apporter des réponses aux besoins des communautés dans tous les secteurs d’activités. Ainsi, dans le secteur socio-économique, il soutient les femmes et les jeunes pour, entre autres, la mise en place ou la relance des activités génératrices de revenus à travers la formation et la dotation d’équipements adaptés.
Au sein du Sahel, région confrontée à des défis majeurs tels que l’insécurité, les déplacements de populations et la pauvreté, le Projet communautaire de relèvement et de stabilisation du Sahel (PCRSS) constitue une initiative régionale ambitieuse pour renforcer la résilience des communautés locales et des groupes les plus vulnérables.
Mis en oeuvre par les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger, avec le concours de partenaires internationaux dont la Banque mondiale, le projet s’inscrit dans une démarche collective pour répondre aux crises qui secouent la région.
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Bénéficiant d’un financement total de 352,5 millions de dollars, le projet vise à offrir une réponse durable face à l’urgence, pour favoriser le relèvement économique, consolider la paix et améliorer la sécurité, en s’inscrivant dans une vision à long terme et misant sur la résilience des communautés dans les zones les plus exposées du Liptako-Gourma.
Au Burkina Faso, le projet contribue à apporter des réponses aux besoins des communautés dans tous les secteurs d’activités. Ainsi, dans le secteur socio-économique, il soutient les femmes et les jeunes pour, entre autres, la mise en place ou la relance des activités génératrices de revenus à travers la formation et la dotation d’équipements adaptés.
Apprendre à recoudre son avenir
Safiatou Ouédraogo, apprenante en deuxième année au Centre d’éducation de base non formelle (CEBNF) de Ouahigouya au nord du pays, se souvient encore des conditions d’apprentissage de l’année précédente : « Nous étions 10 à 12 sur une même machine. Il fallait attendre deux semaines pour pouvoir pratiquer ».
Aujourd’hui, grâce aux 85 nouvelles machines à coudre fournies par le projet, elles ne sont plus que 3 ou 4 par machine. Un changement qui transforme l’apprentissage en véritable tremplin vers l’autonomie.
Même constat à Boussouma, dans la région du Centre-nord, où les 37 apprenantes se partageaient trois machines vétustes. L’arrivée de 50 nouvelles machines a radicalement changé la donne.
Dès la fin de ma formation, je compte ouvrir mon propre atelier. Je veux réussir, gagner ma vie et subvenir à mes besoins.
Claire Ouédraogo, Centre de Korsimoro, Centre-nord
Des équipements pensés avec les communautés
Les équipements – machines à coudre, fers à repasser, tables, mètres-rubans, tissus, ciseaux – sont le fruit de consultations communautaires. Ils répondent aux besoins exprimés par les bénéficiaires eux-mêmes, qu’ils soient déplacés internes ou membres des communautés hôtes vulnérables.
Claire Ouédraogo, du Centre de Korsimoro aussi dans le Centre-nord, voit déjà plus loin : « Dès la fin de ma formation, je compte ouvrir mon propre atelier. Je veux réussir, gagner ma vie et subvenir à mes besoins ».
Un appui bienvenu pour les centres
Pour les responsables de centres tel Ambroise Korgo du CEBNF à Korsimoro, le soutien du projet est salutaire. Les machines utilisées jusqu’à présent dataient de 1995, et étaient vétustes et coûteuses à entretenir. Le projet a permis de renouveler un matériel devenu obsolète.
Une approche flexible et inclusive
Certaines communes ont choisi d’équiper des centres, d’autres ont préféré soutenir directement des individus. À Djibo au nord, 140 personnes – hommes et femmes, déplacés ou vulnérables – ont bénéficié de machines à coudre. Beaucoup avaient déjà une formation en couture, mais avaient tout perdu en fuyant l’insécurité.
Depuis mai 2022, ce sont 337 kits de couture qui ont été distribués correspondant à un coût total d’environ 15 000 000 FCFA. Un geste concret pour redonner espoir et moyens d’action à celles et ceux qui souhaitent reconstruire leur vie.
Au coeur de la stabilisation
Le PCRSS-Burkina s’inscrit dans le cadre du Plan d’action pour la stabilisation et le développement du gouvernement burkinabè et contribue à un des objectifs spécifiques (OS 3.5 du pilier 2) qui est de « répondre à la crise humanitaire ». Prévu jusqu’au 31 décembre 2026, il couvre les régions du Centre-Nord, du Nord et du Sahel, avec une approche régionale intégrée.
Le 19 février 2025, à Kougoussi au Centre-nord du pays, une phrase a résonné avec force : « Le PCRSS a redonné l’espoir aux populations de vivre ». Prononcés par le colonel-major Blaise Ouédraogo, gouverneur de la région du Centre-Nord, ces mots résument à eux seuls l’impact profond du projet.
Un projet qui ne se limite pas à livrer des machines à coudre ou à distribuer des kits, mais qui sème les graines de la résilience, là où tout semblait perdu. En apportant des outils concrets, pensés avec et pour les communautés, il redonne aux femmes déplacées les moyens de rêver à nouveau, de se reconstruire et de bâtir un avenir digne. Derrière chaque machine, il y a une main qui apprend, une voix qui s’élève, une vie qui reprend forme. Le projet apporte ainsi sa pierre à l’édifice d’un Sahel plus fort, plus solidaire, et profondément humain.


