Afrique de l'Ouest: CEDEAO – Un sommet bien « ordinaire »

Si l’on se réfère à la définition du Larousse, la 68ème session ordinaire de la conférence des chefs d’état et de gouvernement de la CEDEAO ce 14 décembre 2025, qui marque la fin des activités commémoratives des 50 ans de l’organisation, n’est – elle pas à bien des égards, malgré un contexte de crise aigüe conforme à l’usage habituel de l’organisation, donc ordinaire ?

La réponse ne peut être tranchée du point de vue du fonctionnement statutaire et régulier de l’organisation, même si au demeurant on a senti une tentative timide de changement de doctrine en matière de changement anti constitutionnel de gouvernement ; de coup d’état autrement dit.

En effet, si on examine les points saillants de l’ordre du jour du sommet, on se rend compte que la préoccupation constante demeure encore une fois la question de l’avenir de la CEDEAO, et bien sûr sa crédibilité par rapport à l’achèvement du processus d’intégration avec en ligne de mire la monnaie unique prévue initialement en 2009, mais aussi et surtout le défi sécuritaire et les changements démocratiques.


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C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle les crises politiques récentes en Guinée Bissau et au Bénin, se sont invitées au menu des discussions de cette 68ème session qui bien qu’ordinaire, revêt un caractère d’urgence indéniable, quoique revêtant selon certains analystes un accent de « deux poids deux mesures ».

En effet, si la CEDEAO a validé l’intervention immédiate du Nigéria et de la Côte d’ivoire dans la tentative de coup d’état avortée au Bénin, pour rétablir le Président Patrice Talon dans ses fonctions, et y a maintenu les 200 soldats de la force d’attente, elle a été plus moins « spectatrice » de l’évolution de la situation politique, qui a conduit au coup d’état survenu en Guinée Bissau, avant même la proclamation des résultats du double scrutin présidentiel et législatif, bien qu’ayant des observateurs sur place. Il aurait été plus facile de rétablir le Président Emballo, et d’exiger le dépouillement et la proclamation du scrutin, qui sans doute aurait permis de désigner le vainqueur, sans une remise en cause de l’ordre institutionnel qui connait une impasse certaine.

Toutefois, il faut reconnaitre que le départ des pays de l’AES a fragilisé l’autorité la CEDEAO, notamment par l’inefficacité des sanctions naguère infligées à ces pays, à laquelle s’est ajouté l’humiliation, subie en Guinée Bissau : dès le début de la crise,  le renvoie de la délégation de haut niveau de la CEDEAO par le Président Emballo, alors qu’elle été chargé de conduire des négociations pur un dialogue entre les parties prenantes pour des élections libres et inclusives.

Cette 68ème session ordinaire, intervient d’une part, dans un contexte ou le mandat du Président Gambien de la Commission arrive à son terme, et son successeur Sénégalais non encore désigné, qui va hériter d’un agenda de la CEDEAO encore dans le flou, et d’autre part, à un moment de crise politique encore incertaine, mais qui pourrait ouvrir pour la CEDEAO sur une dynamique de « rachat »

La CEDEAO en l’état actuel, a-t-elle les moyens d’assurer une opération similaire à celle engagée au Bénin au début de ce mois ? Dispose –t-elle des moyens politiques à cet effet ? Ou bien était-ce une opération coup de poing pour dire stop à la menace qui pointait sur les régimes en place ?

D’ores et déjà, elle doit s’atteler à la solution concernant la Guinée Bissau, qui emprunte avec ce « coup d’état » les chemins des transitions sans fin, sans occulter les causes (l’exclusion de candidats aux scrutins) qui sont à l’origine de ces coups d’état, et qui dans le cas de la Guinée Bissau, ne semblent pas préoccuper l’organisation, menaçant ainsi de saper sa crédibilité.

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