Afrique de l'Ouest: CEDEAO/AES – Le GIABA en trait d'union ?

Tout laisse croire qu’entre la CEDEAO et les trois pays qui forment aujourd’hui la confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), l’idylle n’est pas terminée.

La preuve vient d’être administrée par le Comité ministériel du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), qui a approuvé ce vendredi 18 juillet 2025 à Accra l’adhésion du Mali, du Burkina Faso et du Niger en qualité de non-membres de la CEDEAO.

Les ministres du GIABA, réunis en session extraordinaire, ont en effet unanimement reconnu la nécessité de maintenir la coopération régionale face à l’insécurité et aux flux financiers illicites, malgré le retrait, depuis janvier 2025, de ces trois pays de la CEDEAO.

Il faut dire qu’au moment de la rupture avec la CEDEAO, les pays de l’AES avaient réaffirmé leur attachement aux règles fondatrices de la CEDEAO, à savoir la libre circulation des personnes et des biens tout en souhaitant la réciprocité.

Au plan structurel, ce que l’on retient de cette initiative du GIABA, en attendant sa validation par le Conseil des ministres et le sommet des chefs d’État de la CEDEAO, c’est qu’il y a un signal fort envoyé sur une question qui transcende les susceptibilités nationales, et qui fait du terrorisme la question centrale dans l’espace régional ; avec ceci de particulier que la porosité des frontières fait qu’aucun État aujourd’hui ne dispose des moyens d’y faire face.

Or, on le sait, le terrorisme se nourrit des réseaux de blanchiment d’argent, qui est sa principale source de financement car hors des circuits officiels de transfert d’argent.

Un autre point crucial est que, tant du côté des pays de l’AES que de la CEDEAO, on a finalement reconnu à la fois de facto et de jure que la rupture est bien consommée. Il est donc nécessaire d’ouvrir un nouveau chapitre en créant des possibilités de coopération. Parmi ces opportunités, nous devons aujourd’hui aborder les questions du blanchiment d’argent et des flux illicites.

En effet, si la libre circulation est actée, il est essentiel qu’un cadre de coopération puisse prendre en charge des questions de sécurité, qui se posent de manière urgente dans les pays de la CEDEAO, et dont la porte d’entrée est sans conteste la bande sahelienne avec les pays de l’AES.

La preuve en est donnée avec la recrudescence des agressions armées que subissent actuellement les troupes des trois pays, ainsi que leurs populations, et le débordement de ces exactions aux pays comme le Bénin, et auparavant à Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Récemment on a même parlé des mouvements des troupes djihadistes vers les frontières du Sénégal et de la Mauritanie. L’acte posé par le GIABA, qui est une institution spécialisée de la CEDEAO, est d’une grande intelligence stratégique et postule un autre type de coopération à inventer ; celui-là technique, entre les organes de la CEDEAO et ceux de l’AES.

La question de la sécurité au sens large devrait être l’un des points de convergence auxquels il faut sans tarder s’atteler dans l’intérêt de tous.

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