Soulagement pour les exportateurs locaux. Le pire a été évité pour le pays, avec le nouveau décret signé jeudi soir par le président américain Donald Trump.
L’imposition initiale de droits de douane de 40 %, annoncée en avril sur les exportations mauriciennes dans le cadre d’une vague tarifaire visant à la fois pays développés et en développement, a finalement été ramenée à 15 %. La lettre adressée par le Premier ministre au président américain, couplée à une offensive diplomatique soutenue à Washington, a permis, selon l’Hôtel du gouvernement, de limiter la casse.
«La décision de l’administration américaine de ramener le tarif à 15 %, contre 40 % initialement envisagés, constitue indéniablement une avancée significative», souligne Aadil Ameer Meea, ministre de l’Industrie, des PME et des Coopératives. Il y voit aussi le fruit «du leadership résolu du Premier ministre, qui est intervenu personnellement auprès du président des États-Unis».
«Victoire diplomatique»
Au ministère des Affaires étrangères, le ministre délégué Rajen Narsinghen parle d’un «véritable soulagement pour les exportateurs» et d’une «victoire diplomatique». Il met également en avant l’intervention directe de Navin Ramgoolam, avec des nouvelles propositions formulées à Donald Trump.
Les autorités mauriciennes comptent désormais privilégier la voie des négociations bilatérales avec l’administration Trump, notamment en vue de l’expiration prochaine de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act). Une clarification est attendue sur l’exécution du tarif de 15 % : s’appliquera-t-il aux produits actuellement exemptés dans le cadre de l’AGOA, qui prévoit un accès libre de droits et sans quotas au marché américain ?
Des spécialistes suggèrent aussi de repenser la stratégie d’exportation. Ils recommandent de réduire la dépendance au marché américain en explorant de nouveaux débouchés – Afrique, Union européenne, marchés émergents -, tout en rehaussant la compétitivité des produits mauriciens grâce à l’innovation technologique et à l’optimisation des chaînes d’approvisionnement.
Pour l’analyste financier Imrith Ramtohul, les États-Unis demeurent un partenaire commercial clé, mais l’élasticité de la demande déterminera l’impact réel de ces droits. «Même à 15 %, nos produits risquent de perdre en compétitivité sur le marché américain», dit-il. Il ajoute que la dépréciation de plus de 4 % du dollar face à la roupie depuis le début de l’année accentuera la pression sur les revenus des exportateurs.
D’autres analystes se veulent plus nuancés : les exportations vers les États-Unis ne représentent qu’environ 11 % des ventes mauriciennes à l’étranger. L’exportation de macaques reste le principal secteur d’activité, suivi du textile, du sucre et des équipements médicaux. En 2024, Maurice a exporté pour Rs 10,6 milliards de produits vers les États-Unis et n’en a importé que pour Rs 2,2 milliards, soit un excédent commercial de Rs 8,4 milliards.
Un exportateur confie avoir été «franchement inquiet» lors de l’annonce des 40 % de droits. «Une telle hausse aurait rendu nos produits totalement invendables. La révision à 15 % est un soulagement, mais cela reste un choc pour nos marges. On espère que le gouvernement pourra obtenir des exemptions sur les produits à forte valeur ajoutée.»
Un groupe de travail mis en place au ministère des Affaires étrangères – également en charge du commerce international – étudiera les répercussions de cette décision et proposera des actions en concertation avec les parties prenantes, notamment la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI), la MEXA et Business Mauritius.
Adil Ameer Meea : «Une position avantageuse face à nos concurrents»
Le ministre Ameer Meea estime que la décision du président Trump de ramener l’imposition des droits de douane à 15 % permettra de préserver la compétitivité des exportations mauriciennes et de protéger plus de 21 000 emplois, dont 10 000 occupés par des citoyens mauriciens. Il appelle à poursuivre les discussions afin de ramener ce taux à un niveau plus bas. Il réaffirme la volonté de Maurice de conclure un accord commercial global avec les États-Unis, couvrant biens, services, investissements, numérique et coopération stratégique. Cela, tout en renforçant les partenariats régionaux afin de faire de Maurice «une plateforme clé de l’engagement américain dans l’océan Indien». Il rappelle qu’au 17e Sommet États-Unis-Afrique à Luanda, il avait conduit des entretiens décisifs avec Constance Hamilton, représentante adjointe au Commerce pour l’Afrique, et l’ambassadeur Troy Fitrell. «Cette intervention a permis de réaffirmer l’engagement de Maurice pour une économie ouverte et de préserver notre accès au marché américain. Elle a grandement contribué au résultat obtenu.»