Face à la crise climatique et à la baisse de l’aide internationale, des acteurs africains plaident pour un modèle de financement centré sur les communautés. Une philanthropie participative et endogène prend forme.
Lors d’un panel organisé à l’occasion de la 6e conférence sur la philanthropie en Afrique qui se déroule actuellement au Caire, en Égypte, des experts se sont prononcés sur la question climatique et le rôle que la philanthropie peut jouer face à cela.
Pour ces acteurs, les réponses doivent venir du terrain : des jeunes, des femmes, des coopératives et autres structures ancrées localement.
« Ce sont les communautés qui savent ce qui est bon pour elles, pour leur autonomie comme pour leur résilience », explique Mme Tabara Ndiaye d’Agroecology Fund au Sénégal.
Pour elle, des fonds régionaux, déjà actifs notamment en Afrique de l’Ouest, mettent en œuvre cette vision. Les décisions de financement sont prises par des conseillers issus des communautés, en lien étroit avec les dynamiques locales. Le principe fondamental : la confiance dans les capacités locales, a précisé Mme Ndiaye.
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« Nous accompagnons, mais ce sont les acteurs locaux qui décident », souligne la porte-parole d’Agroecology Fund.
Au-delà des projets, elle a indiqué que ces initiatives défendent une ambition plus large impliquant le fait d’ancrer les ressources sur le continent, de renforcer les institutions africaines, et de sortir de la logique d’aide verticale. À en croire Mme Ndiaye, une quarantaine d’organisations locales bénéficient déjà de cette approche.
Par ailleurs, elle a décliné leurs priorités, notamment l’accès à la terre pour les femmes et les jeunes, la pratique de l’agriculture écologique, la
préservation des semences, et surtout, une gouvernance portée par les communautés elles-mêmes.
« C’est ainsi que nous préserverons la dignité des Africains face aux défis environnementaux », a-t-elle déclaré. Par ailleurs, M. Savior Mwambwa, responsable chez open society foundations, a également souligné un fait important. « Pour de nombreux acteurs du Sud, la lutte contre le changement climatique ne peut être dissociée des enjeux de développement » assure t-il. En Afrique, il affirme qu’il est urgent de revoir la planification et l’architecture du financement pour répondre efficacement aux besoins du continent.
« Il faut que les financements servent nos priorités locales. Le développement doit être au centre de toute stratégie climatique », a soutenu M. Mwambwa.
Par conséquent, Il a appelé à rompre avec la dépendance de l’aide extérieure, en misant sur la mobilisation des ressources domestiques. Pour cela, il est crucial de contester les blocages imposés par le système financier mondial.
Enfin, la question de la dette est jugée centrale par les panelistes. Son poids constitue un frein majeur à toute ambition de transformation durable.
Dès lors, ils prônent une résolution de la crise de la dette afin que l’Afrique puisse voler de ses propres ailes et de parler de souveraineté financière.