La dernière fois que le Kenya a accueilli un grand événement sportif continental, c’était en 1987, lors des Jeux africains. Beaucoup de journalistes sportifs kenyans d’aujourd’hui n’étaient pas encore nés, certains étaient à peine bambins, d’autres n’étaient que des projets dans l’esprit de leurs parents.
Quasiment quarante ans plus tard, une nouvelle génération de reporters s’apprête à écrire sa propre page d’histoire en couvrant le Championnat d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies (CHAN) 2024, que le Kenya co-organise avec l’Ouganda et la Tanzanie.
Pour ces jeunes journalistes, comme pour les plus expérimentés, ce tournoi d’un mois dépasse le simple cadre professionnel. C’est un symbole fort de fierté, une chance unique et une consécration longtemps attendue.
« C’est une grande opportunité, » souligne Jeff Kinyanjui, journaliste chevronné et responsable de la communication à la Fédération kényane de football (FKF). « Cela faisait longtemps que le pays attendait ça. C’est un excellent tremplin avant la CAN 2027. Ce tournoi offre aux médias locaux une plateforme pour se familiariser avec le fonctionnement de la CAF et la couverture d’un événement de cette envergure. Mais aussi pour rencontrer les talents les plus brillants du continent, qui peuvent devenir des stars de classe mondiale. »
De rendez-vous manqués à un tournant majeur
Le Kenya avait failli accueillir deux grands événements auparavant — la CAN 1996 et le CHAN 2018 — mais la préparation avait fait défaut.
CHAN 2024 constitue donc un véritable moment de rédemption, autant pour le football kényan que pour son écosystème médiatique en pleine croissance.
« Ce n’est pas seulement du journalisme, » insiste Kinyanjui. « C’est un renforcement des capacités pour toute la région d’Afrique de l’Est, un moyen de tisser des liens avec le continent. Pour beaucoup d’entre nous, c’est une première expérience sur des sujets comme l’accréditation ou l’accès aux espaces médias. On a appris énormément, avant même le coup d’envoi. »
De la radio au pupitre de presse : un parcours complet
Pour Daniel Wahome, vétéran de la radiodiffusion et désormais rédacteur en chef senior à la Kenya Broadcasting Corporation (KBC), c’est un retour aux sources. Il se souvient avoir suivi les Jeux africains de 1987 à la radio, chez son grand-père.
« C’est un honneur incroyable. Non seulement de vivre ce moment, mais aussi d’en être acteur. C’est aussi l’occasion de raconter l’histoire de l’Afrique de l’Est, notre culture et notre peuple, au monde entier », confie-t-il.
Une couverture locale qui a du poids
Chris Mbaisi, ancien président de l’Association des journalistes sportifs du Kenya (SJAK) et reporter aux Jeux olympiques et aux Jeux du Commonwealth, ressent une émotion particulière.
« Il n’y a rien de comparable à couvrir un tournoi organisé par son propre pays. C’est personnel, une fierté. C’est notre chance de raconter l’histoire du Kenya à notre manière », assure-t-il.
La première grande étape d’une génération
Pour Tabitha Makumi, 25 ans, journaliste numérique, CHAN 2024 est un cap important.
« C’est irréel de pouvoir couvrir ces matches en tant que journaliste, » confie-t-elle. « C’est l’occasion de mettre en lumière le talent kényan, mais aussi de raconter l’histoire du football africain au monde. Et puis, c’est aussi un échange entre collègues du continent : comprendre comment un journaliste nigérian connecte avec son public, partager nos méthodes ici… C’est un beau mélange culturel. Ce sera une fierté pour moi d’inscrire sur mon CV ma participation à ce CHAN. »
Un tournant générationnel et culturel
La CAF a accrédité plus de 250 journalistes kenyans. Au total, près de 800 professionnels des médias couvriront le tournoi dans les trois pays hôtes.
Pour les médias kényans, CHAN 2024 est bien plus qu’un événement sportif. C’est un saut générationnel, une affirmation culturelle, un moment d’unité africaine partagé.