Afrique Centrale: Promesse de Sassou sur la libre circulation des personnes et des biens dans la Cemac

La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a un nouveau président. Il s’agit du chef de l’Etat congolais Denis Sassou-Nguesso qui a été placé à la tête de l’institution sous-régionale à l’issue de la 16e session extraordinaire de l’organisation communautaire qui a réuni, les 9 et 10 septembre, à Bangui, les chefs d’Etat des six pays membres. Il a pris le flambeau des mains de son homologue centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, qui a passé deux ans à la présidence de cette organisation.

Une baisse drastique des réserves de change

Le nouveau président prend les rênes de cette institution dans un contexte marqué par de nombreux défis. Particulièrement sur le plan économique où la zone CEMAC se trouve confrontée à une faible croissance et un endettement élevé. Preuve des difficultés économiques persistantes dans cet espace communautaire, les importations y représentent encore 80% de la consommation et exercent, par conséquent, une pression énorme sur les réserves de change de la communauté.


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Acculés et ne sachant plus où donner de la tête, les dirigeants de cette région ont été contraints de prendre des mesures de mitigation urgentes, allant de la consolidation budgétaire à la prudence observée dans les politiques d’endettement, en passant par une gestion rigoureuse des risques bancaires et des revenus pétroliers et miniers. Face à une baisse drastique des réserves de change, ils ont notamment sommé les entreprises pétrolières et minières étrangères, de rapatrier, au plus tard en fin avril 2025, leurs avoirs qui devraient être logés au sein de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). Mais mal leur en a pris, puisque ces entreprises, notamment américaines ne se sont jamais exécutées. Quel paradoxe! Est-on tenté de s’écrier.

En effet, cette région est l’une des plus riches d’Afrique. Et le président centrafricain n’a pas manqué de le relever lors de la session extraordinaire au cours de laquelle il a passé le témoin au nouvel entrant. « Notre sous-région est une terre d’opportunité qui peut aider le monde à renouer avec la croissance. (…) Les pays de la CEMAC ont des ressources minières et naturelles abondantes pour jouer un rôle vital dans la dynamique de croissance dont l’économie mondiale a besoin aujourd’hui », déclarait Faustin-Archange Touadéra, lorsqu’il passait le drapeau jaune de la présidence à son successeur, à la tête de l’institution est-africaine.

Malgré donc cette générosité du sous-sol des pays membres de cette communauté économique, ceux-ci sont toujours confrontés à des défis tels que le chômage, le déficit budgétaire, la dette, la pauvreté. Et pour ne rien arranger, le phénomène du changement climatique est venu s’ajouter à ces problèmes qui, en principe, ne devraient jamais exister dans ces pays; tant la nature leur a fait grâce. C’est dire s’il se pose un véritable problème de gouvernance dans cet espace. Et c’est peu dire.

L’immensité de la tâche qui attend le nouveau président de la CEMAC

Faut-il vraiment s’en étonner quand on sait que la quasi-totalité des six pays membres, a un dénominateur commun qui n’est autre que les longs règnes sans partage avec leurs corollaires de corruption, d’affairisme et de favoritisme? Assurément, non. Du Tchad, qui a opéré une succession dynastique au pouvoir, au Gabon qui ne s’est pas encore remis des 50 ans de règne des Bongo, en passant par le Congo Brazzaville où Denis Sassou Nguesso, du haut de ses 81 ans, a fait plus de 38 ans au pouvoir, sans oublier le Cameroun, où le nonagénaire Paul Biya fait la loi depuis 42 ans, et la Guinée équatoriale où le record de longévité au pouvoir, est détenu par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avec ses 46 ans au trône; l’Afrique centrale détient incontestablement la palme d’or des longs règnes sur le continent. On est d’autant sceptique quant à l’avènement d’un renouveau, que leurs peuples respectifs, contrairement à ceux d’autres parties du continent, donnent l’impression de s’accommoder de ce qui se passe dans ces pays, en dépit des nombreux défis qui s’y présentent.

En effet, en plus des difficultés économiques qui préoccupent aujourd’hui les dirigeants de l’organisation communautaire, celle-ci fait également face à des problèmes d’intégration régionale. Autant de défis sur lesquels les chefs d’Etat se sont penchés lors du dernier sommet extraordinaire de Bangui. En prenant les rênes de l’institution, le nouveau président, Denis Sassou Nguesso, s’est, d’ores et déjà, engagé à faire de la libre circulation des personnes et des biens, une réalité dans cet espace communautaire. Une ambition noble ; tant cette question demeure une véritable tare dans cette région.

Mais Denis Sassou-Nguesso réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué? Osera-t-il seulement mener les réformes hardies et nécessaires à même de lever les obstacles qui ont longtemps fait barrage à cette indispensable intégration économique et communautaire ? Réussira-t-il à unir tous ses pairs autour de cet objectif commun? Autant de questions qui traduisent toute la complexité et l’immensité de la tâche qui attend le nouveau président de la CEMAC. Au point qu’on en vient à se demander si sa promesse sur la libre circulation des personnes et des biens dans la zone CEMAC, sera finalement un effet d’annonce ou une annonce sans effet.

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