Il n’était pas annoncé, il n’était pas attendu, et pourtant c’est bien lui qui termine en haut de l’affiche. Justin Madugu, promu sélectionneur principal du Nigeria quelques mois avant le coup d’envoi de la CAN Féminine CAF TotalEnergies Maroc 2024, a transformé l’intérim en consécration.
À 61 ans, l’ancien adjoint a guidé les Super Falcons jusqu’à leur dixième couronne continentale, sans perdre le moindre match, avec une équipe cohérente, rigoureuse et conquérante. Sa récompense individuelle, le prix de Meilleur Entraîneur du tournoi, sonne comme une évidence.
Originaire de l’État d’Adamawa, Madugu n’a jamais cherché la lumière. Trois fois adjoint en Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies (2014, 2018 & 2022), il avait déjà goûté au succès dans l’ombre d’Edwin Okon, puis du Suédois Thomas Dennerby. En 2022, il épaulait l’Américain Randy Waldrum pour une quatrième place au goût amer. Ces rôles de second couteau, il les a assumés sans amertume, en tirant chaque fois des leçons du haut niveau.
Quand la fédération nigériane décide de lui confier les rênes, Madugu ne se contente pas d’assurer la transition. Il impose sa patte. Sa gestion du groupe étonne par sa justesse : il équilibre les lignes entre cadres chevronnées et jeunes pousses, entre expatriées confirmées et joueuses du championnat local. Résultat, le Nigeria avance avec force : 5-0 contre la Zambie, un succès plein d’autorité contre l’Afrique du Sud (2-1) en demi-finale, et une finale remportée dans la réaction face au Maroc (3-2), pays hôte et tombeur du Nigeria lors de la demi-finale de la CAN Féminine 2022.
Trois but encaissé en six matches, une animation offensive efficace, une sérénité constante en zone technique… Madugu s’est imposé dans un costume taillé sur mesure. Sa gestion du « Mission X », surnom donné à cette campagne vers un dixième sacre continental, a impressionné jusqu’au sommet de la NFF. Calme, méthodique, fédérateur, il a incarné la renaissance d’un Nigeria que l’on disait sur le déclin.
Loin d’être novice, Madugu traîne avec lui une solide expérience internationale : staff des sélections U17 et U20 féminines lors des Coupes du Monde 2008 et 2010, présent également lors des Mondiaux seniors en 2015 et 2019. Il faisait aussi partie du staff victorieux lors des Jeux Africains 2015 et de la Coupe de l’UFOA B en 2019. Autant de jalons dans une carrière construite loin des projecteurs, mais avec une constance rare.
Désormais installé sur le banc des Super Falcons avec un titre majeur en poche, Madugu se projette vers l’avenir. La CAN 2026 en ligne de mire. Et surtout la Coupe du Monde 2027 au Brésil, où le Nigeria rêve de franchir enfin le cap des huitièmes de finale, échoué lors des deux dernières éditions.