Depuis le 27 juillet, l’Université américaine du Caire (AUC) accueille la 6e édition de la Conférence africaine sur la philanthropie, organisée par le Centre John D. Gerhart pour la philanthropie, l’engagement civique et les entreprises responsables, rattaché à l’Onsi Sawiris School of Business. L’événement se poursuit jusqu’au 31 juillet 2025.
Placée sous le thème « Financement durable du développement dans le monde majoritaire », la conférence intervient dans un contexte où les modèles de financement menés par les Africains deviennent de plus en plus nécessaires.
Les participants ont souligné la pertinence du thème, en lien avec le Sommet des Nations Unies pour l’avenir et les Objectifs de développement durable. L’événement réunit des représentants d’organisations de la société civile africaine, des chercheurs et des groupes communautaires actifs dans le domaine philanthropique.
Les discussions ont porté sur les perturbations financières actuelles et leur impact sur les inégalités, appelant à une réorganisation de l’architecture financière mondiale.
La conférence marque également une étape importante dans l’évolution de la philanthropie en Afrique. Elle offre une plateforme pour explorer les tendances émergentes, les stratégies innovantes et leur influence sur les modèles philanthropiques traditionnels.
Lors de son intervention, un ancien praticien du développement devenu haut fonctionnaire au ministère égyptien de la Solidarité sociale, a évoqué le décalage entre les efforts de développement et leur impact réel. Il a insisté sur l’importance d’impliquer activement les communautés locales pour garantir l’efficacité des actions menées.
Les échanges ont également mis l’accent sur l’unité du continent africain, mettant en lumière les efforts des organisations régionales pour renforcer les liens sociaux et solidaires, notamment en période de crise. La philanthropie a été présentée comme un vecteur de cohésion, porteur de valeurs morales et patriotiques dans un contexte mondial fragmenté.
Dr Laila Iskander, ancienne ministre d’État au Renouvellement urbain et aux quartiers informels en Égypte, a intervenu sur le thème de l’économie circulaire. Engagée depuis 1982 auprès des collecteurs informels de déchets, elle a rappelé que ce secteur représente 2 % de la population mondiale, souvent mieux rémunéré que les fonctionnaires dans certains pays.
Elle a alerté sur les risques à venir : d’ici 2040, près de 4 milliards de personnes pourraient être privées de services de gestion des déchets, avec des conséquences graves en matière de pollution. Elle a estimé le coût des déchets plastiques à 20 milliards de dollars, et les impacts environnementaux sur les écosystèmes marins à 2 200 milliards de dollars.
Dr Iskander a proposé des solutions concrètes, notamment la mise à jour des données sur les flux de déchets entre pays riches et pays pauvres. Elle a présenté un système de crédit inversé impliquant 2 500 collecteurs informels, enregistrés sur une plateforme numérique pour suivre les matériaux recyclés.
Abordant la question de la migration liée au manque d’opportunités économiques, elle a rappelé que 35 % des Africains vivent sous le seuil de pauvreté et que 304 millions de personnes sont migrantes dans le monde. Elle a suggéré un modèle de financement dans lequel chaque tonne de déchets exportée vers l’Afrique serait compensée par l’installation d’un recycleur dans le pays exportateur.
Enfin, les organisateurs ont souligné l’importance symbolique du choix de l’Égypte comme pays hôte. Ibrahima Sall, directeur exécutif de TrustAfrica, a mis en lumière la valeur historique et culturelle du Nil, ainsi que la présence de l’université Al-Azhar, l’une des plus anciennes au monde. Il a également rappelé que de nombreux philosophes grecs venaient autrefois en Égypte pour y apprendre.