Afrique: 9e édition de la TICAD – Que peut en attendre le continent?

Après Tunis en 2022, la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique) est de retour. Cette fois-ci, comme en 2019, c’est la ville japonaise de Yokohama qui accueille l’évènement qui se veut un cadre de raffermissement des liens de coopération entre l’Afrique et L’Empire du Soleil levant.
L’édition 2025, 9e du genre, s’est officiellement ouverte le 20 août 2025 dans cette ville portuaire, en présence du Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU), António Guterres, et de hauts responsables d’organisations internationales. Des milliers de participants prennent part à ce rendez-vous de trois jours, et l’Afrique dont l’avenir constitue le menu principal des discussions, n’est pas restée en marge. En effet, elle est fortement représentée à cette rencontre, avec plusieurs de ses dirigeants qui ont fait le déplacement de la ville de Yokohama.
Les pays africains sont en droit d’attendre beaucoup de cette TICAD
Parmi les chefs d’Etat présents, on note la présence de l’Angolais, João Lourenço, président en exercice de l’Union africaine (UA), celle du Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, du Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, du Sud-Africain Cyril Ramaphosa, du Burundais Evariste Ndayishimiye, du Togolais Faure Gnassingbé. Bien d’autres pays y ont également dépêché des délégations avec pour objectif ultime de tirer le meilleur profit de cette rencontre triennale qui s’est imposée depuis des décennies, comme une tribune incontournable de coopération entre l’Afrique et le Japon.
Mais, que peut véritablement attendre l’Afrique, de cette édition? C’est la question principale qu’il faut se poser. Parce qu’au final, ce qui importe le plus, c’est ce que chaque pays, individuellement, tirera comme profit de sa participation. A coup sûr, la 9e TICAD qui se tient sous le thème : « Co-créer des solutions innovantes avec l’Afrique », a beaucoup à offrir. D’autant plus que le Japon, à travers cette édition, veut frapper fort pour séduire la belle demoiselle Afrique courtisée par les grandes puissances économiques mondiales.
En effet, face à l’influence croissante de la Chine, au come-back des Etats-Unis sous Donald Trump, à la progression fulgurante de la Russie et de bien d’autres pays comme le Qatar, qui se signalent sur le continent, l’empire nippon, veut lui aussi marquer son territoire. Dès lors, il se positionne, affûte sa stratégie afin de se tailler sa part du gâteau très convoité. Pour ce faire, et en coopération avec d’autres pays comme l’Inde et des Etats du Moyen-Orient, Tokyo ambitionne d’accroître ses investissements en Afrique.
Et ce, malgré une coopération déjà active sur le continent. En effet, un nouveau rapport d’impact publié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) vient mettre en lumière l’ampleur et la portée du partenariat entre le Japon et l’Afrique dans le cadre de la TICAD. Selon ce rapport, entre 2023 et 2025, 73 projets ont été financés par le gouvernement nippon dans 39 des 54 pays africains, pour un montant global de 114,4 millions de dollars.
Plus de 60 ans d’indépendance, et toujours les mêmes problèmes et les mêmes défis sur le continent
Ce qui a permis de créer des milliers d’emplois dans les pays bénéficiaires. C’est dire si les pays africains sont en droit d’attendre beaucoup de cette TICAD. D’autant plus que cette rencontre, visiblement, a le souci du bilan. Elle a la particularité heureuse de mettre l’accent sur la mise en oeuvre des engagements pris lors des éditions précédentes. Ce qui la différencie de bien des sommets qui se suivent et se ressemblent par l’immobilisme et les promesses creuses qui les caractérisent.
Le rêve est d’autant permis pour les participants à cette 9e édition, que le Japon veut explorer des solutions innovantes aux défis auxquels l’Afrique est confrontée. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux. Le Japon peut donc faire profiter sa technologie de pointe et son expertise à l’Afrique, dans des domaines où elle en manque cruellement.
De ce fait, des collaborations renforcées dans les secteurs de la technologie, de la transition digitale, des infrastructures, de la santé publique, des chaînes de valeur agroalimentaires, pourraient s’avérer efficaces et hautement bénéfiques pour de nombreuses populations africaines. Cela dit, il est bien d’en attendre beaucoup des autres. Mais c’est encore mieux de s’interroger sur sa propre responsabilité. Et les pays africains gagneraient à se prêter à cet exercice nécessaire de remise en cause permanente afin de tirer les leçons qui s’imposent.
Plus de 60 ans d’indépendance, et toujours les mêmes problèmes et les mêmes défis sur le continent. Et ce, malgré les énormes richesses dont il regorge. Les populations continuent de se débattre comme de beaux diables, dans une misère crasse, donnant l’image d’un mendiant assis sur une mine d’or. Comment l’Afrique peut-elle s’en sortir si les prédateurs déguisés en bons Samaritains, continuent leur défilé sur ses terres avec la complicité coupable de ses dirigeants ?