À l’ONU, Félix Tshisekedi appelle à la reconnaissance d’un «génocide congolais»

C’est le grand rendez-vous diplomatique de la rentrée : l’Assemblée générale des Nations unies a débuté hier, mardi 23 septembre, à New York. À la tribune, comme il l’avait déjà fait devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a lancé un appel appuyé à la communauté internationale pour reconnaître ce qu’il qualifie de « génocide congolais ».
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« Nous attendons qu’elle se tienne, avec constance et courage, du côté du droit », a déclaré Félix Tshisekedi. Le président de la République démocratique du Congo a souligné que le processus diplomatique engagé avec toutes les parties au conflit n’excluait pas la quête de justice et de réparation.
Il rappelle que la RDC a signé « des accords de paix, accepté le dialogue, pris des engagements ». « Une paix factice, bâtie sur l’impunité et l’oubli, n’est qu’un armistice précaire », a-t-il insisté.
Si le monde hésite encore à nommer notre douleur, nous n’attendrons pas. Notre pays a tendu la main. Nous avons signé des accords de paix, accepté le dialogue, pris des engagements pour la réconciliation. Mais une paix factice bâtie sur l’impunité et l’oubli n’est qu’un armistice précaire. L’Histoire ne jugera pas nos discours, mais notre capacité à reconnaître les crimes de masse, y compris les génocides, et à mettre fin à l’impunité. J’adresse à cette Assemblée un appel solennel. Reconnaissez le génocide congolais, soutenez notre combat pour la vérité et la justice et aidez-nous à bâtir enfin une paix durable au cœur de l’Afrique.
Discours de Felix Tshisekedi à la tribune de l’ONU: «Reconnaissez le génocide congolais»
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Sur X, le ministre des Affaires étrangères rwandais a répliqué par une salve d’accusations contre le président congolais. Olivier Nduhungirehe dénonce en particulier le soutien de Félix Tshisekedi « en argent et en armes » aux milices Wazalendo – accusées entre autres de s’en être pris à « plusieurs officiers FARDC, pour le simple crime d’être nés Tutsi » ou bien d’avoir donné un ultimatum « aux Banyamulenge et autres congolais Tutsi pour quitter le territoire de la RDC » et « retourner chez eux au Rwanda ».
« Après cela [le président congolais] ose monter à la prestigieuse tribune des Nations Unies pour accuser autrui de Génocide ? », s’insurge Olivier Nduhungirehe, avant de conclure : « Un simple miroir aurait fait l’affaire ! » Cette passe d’arme survient alors que sur le terrain, les combats ont repris entre l’armée congolaise (FARDC) et AFC/M23, une situation qui éloigne la perspective d’un retour rapide de la paix dans la région.
Des responsabilités partagées
De son côté, Human Rights Watch rappelle que les responsabilités sont partagées entre plusieurs acteurs, y compris les autorités congolaises. Pour l’ONG, les crimes commis depuis trente ans exigent une réponse judiciaire à plusieurs niveaux.
Elle plaide pour que le gouvernement congolais écarte des forces de sécurité les officiers impliqués dans de graves violations des droits humains, mais aussi pour la création de chambres mixtes ou d’une cour spéciale mixte, intégrées au système judiciaire congolais, avec des juges et procureurs congolais et internationaux.
La Cour pénale internationale (CPI) a relancé ses enquêtes en 2024, à la demande de Kinshasa, sur les crimes commis au Nord-Kivu depuis janvier 2022. Mais HRW souligne que la CPI reste affaiblie par un sous-financement chronique et par des pressions politiques.
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